Archives mensuelles : novembre 2008
Les sectes: Guide pour aider les victimes
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Détournement spirituel
Seize ans après leur entrée dans le monde des morts, les 913 victimes de la secte du Temple du peuple chantent encore la poignante mélopée des esprits qui ne peuvent trouver le repos éternel. Seize ans après que leur leader, Jim Jones, eut ordonné le suicide collectif et l’assassinat des récalcitrants, on entend encore leurs cris d’outre-tombe à travers le vent d’automne.
Ces amants de la vérité périrent de façon tragique loin de leur famille et de leur patrie. Réfugiés en Guyane, ils espéraient y bâtir le paradis terrestre.
Sous l’impulsion de leur leader charismatique, Jim Jones, les adeptes du Temple du peuple avaient laissé derrière eux des frères, des soeurs, des mères et des pères désemparés. Ils avaient sacrifié ceux qu’ils aimaient afin de trouver la paix.
L’ont-ils trouvée? Non! Ce qui les attendait au milieu de la jungle, des moustiques et de l’étouffante chaleur, ce sont des humiliations sans nom, des coups, des blessures, des maladies et des privations de toutes sortes. Bref, l’enfer!
Manifestement, les adeptes du Temple du peuple ont été trompés. Leur rêve leur a été volé, saccagé! Ils ont été victimes d’un détournement spirituel!
L’onde de choc provoquée par la découverte des 913 corps d’adultes et d’enfants, couchés pêle-mêle à même le sol, a ébranlé des millions de personnes dans le monde. Tous se sont demandé comment il se pouvait que des êtres humains puissent ainsi se donner corps et âme à un idéal, à un rêve.
On a également pointé du doigt les autorités américaines pour leur passivité devant l’exode de près d’un millier de leurs concitoyens dont environ 200 enfants. Celles-ci ont réagi en instituant une commission d’enquête qui a accouché d’un rapport de 782 pages. Ce rapport, bien que nécessaire, est venu trop tard, beaucoup trop tard. Les fantômes de Jonestown étaient déjà loin.
Nul ne sait si une prompte intervention gouvernementale aurait pu éviter ce carnage. Une chose est certaine toutefois: bien des vies auraient sans doute été épargnées si quelqu’un, quelque part, dans la vaste et froide bureaucratie américaine, avait tendu l’oreille aux récriminations des ex-adeptes du Temple du peuple.
Car, aussi incroyable que cela puisse paraître, Jim Jones avait préparé ce suicide collectif. Plusieurs anciens membres en avaient averti la presse. Des articles ont d’ailleurs été écrits sur le Temple du peuple. On y relatait les témoignages des ex-adeptes qui faisaient état de mauvais traitements et de la folie de Jim Jones. Leur courage n’a pas arrêté la folle course d’un homme rongé par la maladie mentale.
Restait l’espoir. L’espoir de voir le gouvernement américain et ses commettants se préoccuper de la montée du fanatisme et du sectarisme au sein de mouvements religieux. Ce qu’ils firent, un peu. Il y avait trop de pouvoirs en jeu pour approfondir la question. Et, petit à petit, la mort des 913 adeptes est devenue un banal fait divers que l’on commémore une fois l’an pour soulager notre conscience.
Ici comme aux États-Unis des universitaires ont crié du haut de leur chair que la tragédie de Jonestown n’était en rien reliée à la réalité sectaire, que c’était une exception et que, par conséquent, il n’était pas bon d’en rappeler le souvenir. Cela salissait l’image des autres mouvements religieux. Ils étaient presque arrivés à convaincre ceux qui prêtaient oreille à leurs divagations quand l’exception survint… encore.
Le 19 avril 1993, plus de 70 membres de la secte connue sous le nom de Branch of Davidian périrent lorsque leur enceinte fortifiée fut détruite par le feu. Selon le rapport du US Department of Justice, des membres de la Branch of Davidian auraient mis le feu à leur forteresse (US Department of Justice, Report to the Deputy Attorney General on the Events at Waco, Texas, February 28 to April 19, 1993, October 8, 1993).
Cette tragédie funeste avait débuté le 28 février 1993 quand un groupe d’agents du Bureau of Alcohol, Tobacco, and Firearms (ATF) investit la forteresse afin de mettre sous arrêt Vernon Howell, plus connu sous le surnom de David Koresh, pour violation des lois concernant les armes à feu et les explosifs.
Devant ce qu’ils ont considéré comme une attaque, certains membres de la Branch of Davidian firent feu sur les agents du ATF. Selon le rapport du ministère de la Justice, quatre agents furent tués et 16 subirent des blessures. Durant la fusillade, un certain nombre de membres de la secte furent blessés et tués.
Les armes amassées par Koresh et ses adeptes devaient sans doute servir lors de la confrontation finale devant les opposer aux forces gouvernementales. Selon l’interprétation biblique de Koresh, la fin du monde était toute proche et il fallait donc accumuler des armes afin d’être prêt pour le grand jour.
L’assaut lancé par les agents de l’ATF fut sûrement interprété par les membres de la Branch of Davidian comme la preuve de la véracité des prophéties de David Koresh. Ici, on est en droit de se demander si l’ATF n’a pas commis une erreur en adoptant cette stratégie.
Quoi qu’il en soit, ce qui se déroulait à l’intérieur de la forteresse avait suscité des inquiétudes bien avant ce fameux 28 février 1993. Le ministère de la Justice écrit dans son rapport que selon des témoignages d’ex-adeptes, des jeunes filles prépubères furent contraintes à des relations sexuelles avec Koresh. Ce dernier s’appuyait sur des considérations bibliques pour justifier ses actes.
Cependant, il semble que les témoignages, bien que suffisamment troublants pour forcer les autorités à agir, ne pouvaient prouver hors de tout doute les cas d’abus. Dans cette affaire comme dans celle de Jonestown, bien des coins sombres demandent à être éclairés. Et cette question hante toujours plusieurs esprits: pouvait-on intervenir avant l’assaut?
Parallèlement à la tragédie de Jonestown, des universitaires et des «experts» québécois en nouvelles religions eurent le culot de dire en onde que l’on devait s’abstenir de parler de cette tragédie, puisque cela jetait le discrédit sur l’ensemble des groupes religieux!
Nos fameux «experts» déblatéraient encore lorsqu’éclata la tragédie de l’Ordre du temple solaire. Inutile de revenir sur ce carnage. Les faits sont encore frais à notre mémoire…
Jonestown, Waco, Ordre du temple solaire: trois tragédies distinctes, trois drames survenus en des circonstances différentes, trois scénarios cauchemardesques qui connurent la même conclusion mortifère.
Nous devons réfléchir sur la délicatesse de l’esprit humain. Ce chef-d’oeuvre de la nature a ses limites et ses faiblesses.
Peu importe les délires de certains experts, nous sommes tous manipulables. La psychologie sociale et comportementale a jeté une lumière sur cette réalité que plus d’un voudrait occulter. Il serait peut-être temps de rappeler les observations de certains psychologues de réputation mondiale.
Il serait peut-être temps également que l’ensemble des groupes religieux, de développement humain ou de thérapie réfléchissent sur leur propre comportement afin d’être en mesure de déceler toute amorce d’un esprit sectaire. Cette démarche empreinte d’humilité vaut mieux que celle enfantine adoptée par un gourou français installé en terre québécoise.
Enfin, notre société doit également faire son autocritique et se demander où elle s’est trompée. La multiplication des groupes qui visent le plein développement de la personne et qui empruntent des sentiers qui les conduisent loin de nos institutions prouve bien qu’ils répondent à un besoin.
Ces mouvements fort divers, de par leur existence même, lancent un message à notre société en pleine crise mutationnelle où l’individualisme et le matérialisme à outrance isolent un nombre de plus en plus important de nos concitoyens.
L’évacuation de la transcendance, élément présent tout au long de l’histoire de l’humanité, laisse dans le coeur de certains un grand vide existentiel. Un vide parfois rempli par une ribambelle de mouvements qui représentent ce qu’il y a de plus sectaire en l’homme.
Un sectarisme d’une irrationalité exacerbée, qui s’infiltre même dans les maisons du haut savoir. L’histoire ne manque pas d’exemples ou l’irrationalité a conduit des peuples vers le gouffre de la dictature, voire du génocide.
Certes, nous n’en sommes pas là, loin s’en faut! Raison de plus pour s’interroger sur la signification de ces phénomènes sociaux. Les sectes, les nouvelles religions, les groupes de croissance personnelle nous parlent. Écoutons leur message. Écoutons le message des fantômes de Jonestown…
© 1994 Le Devoir. Tous droits réservés.
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Entrevue de Yves Casgrain sur le massacre de Jonestown
http://mediacorus.corusquebec.com/webcorus/audio/content_Audio/95393.mp3
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IL Y A 30 ANS : LE CARNAGE DE JONESTOWN
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Ne manquez pas la série Le pouvoir caché à Canal D
Lundi 10 novembre 2008
Quand la maladie frappe, une foule d’émotions nous envahissent : la peur, l’impuissance, un impérieux sentiment de fatalité que l’esprit humain refuse d’accepter. Mais plus débilitant que tout est le fait de découvrir que notre propre corps puisse nous trahir. Découvrir qu’un mal insidieux et envahissant puisse s’être développé à notre insu nous rappelle à quel point nous ne pouvons pas contrôler tous les aspects de notre vie. Et cela peut se révéler grandement traumatisant pour celui ou celle – la plupart d’entre nous en fait – qui se targue de tenir les guides de sa propre vie.
Quand on refuse la fatalité, on cherche des réponses qui font du sens dans notre esprit. Alors que jadis on s’en remettait à la grâce de Dieux et des médecins, plusieurs préfèrent désormais confier leur santé et leur espoir de survie à des forces païennes, voire ésotériques. Il faut avouer que ces approches occultes de la maladie et de la guérison ont tout pour séduire le malade et ses proches. L’essence même de leur message est que chacun possède la faculté de se guérir de toutes les maladies, puisque toutes les maladies sont causées par des traumatismes de l’esprit qui viennent s’imprimer dans le corps matériel. Une otite serait le mal de celui qui ne veut pas entendre. Un cancer de la gorge serait le lot de celui qui ne sait pas exprimer ses émotions. Il suffirait donc de modifier son comportement et son état d’esprit pour renverser la maladie.
À partir du moment où l’on accepte cette vision de la maladie, on devient responsable de sa propre guérison… Et plusieurs malades qui avaient entrepris cette démarche, validée par des thérapeutes aux compétences discutables, ont alors renoncé à la médecine traditionnelle et tout son outillage thérapeutique. Certains en sont morts.
Dans le cadre de la série Le Pouvoir Caché, cet épisode est certainement l’un des plus interpellants puisqu’il raconte l’histoire de gens vulnérables, d’une guérison qui ne viendra pas, et de promesses qui ne seront jamais tenues. » (http://www.canald.com/blog/pouvoir_cache/)
La semaine prochaine le reportage sera consacré au marché de la désintoxication qui, parfois, est parasité par des mouvements qui ne possèdent pas toujours la formation requise et profite de l’état de vulnérabilité de leur clientèle. Voici le résumé réalisé par Canal D :
Désespérés par leur sort, les toxicomanes et leur famille sont des proies faciles. Vulnérables, contrôlables et manipulables, ils sont des cibles parfaites pour les sectes. Certaines d’entre elles se sont d’ailleurs installées au Québec afin d’imposer des enseignements sectaires par le biais de programmes de désintoxication.
Mercredi 19 novembre 2008 à 20h00
Jeudi 20 novembre 2008 à 15h00
Samedi 22 novembre 2008 à 12h00
Dimanche 23 novembre 2008 à 22h00»
Bon visionnement !
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