L’École de la Roselière a ouvert ses portes en septembre 1997. Elle a obtenu, dès ses débuts, le statut d’école à vocation particulière. Sa pédagogie est connue sous le nom de pédagogie Waldorf. Cette dernière a été conçue par Rudolf Steiner, fondateur, en 1913, de l’Anthroposophie, mouvement qu’il qualifie de «science spirituelle». Cependant, de science, ce dernier n’en a que le qualificatif, puisque l’Anthroposophie est une nouvelle religion amalgamant des doctrines issues du Christianisme et de mouvements religieux venus de l’Orient.
Donc, l’École de la Roselière est une institution publique qui utilise une pédagogie issue d’un mouvement religieux… Ce qui, bien sûr contrevient à la Loi sur l’instruction publique.
Nous pouvons donc nous réjouir de la décision de la Commission scolaire des Patriotes. Cependant, sa décision ne semble pas se reposer sur des considérations religieuses, alors que celles-ci sont au cœur de la pédagogie Waldorf ! Étonnant !
Pourtant, il ne serait pas très difficile pour la Commission scolaire des Patriotes d’en faire la démonstration, car elle possède dans ces archives un document intitulé Une École inspirée publié en 1998 par l’École de la Roselière après avoir été la cible de virulentes critiques de la part de parents déçus de la pédagogie Waldorf. Dans ce document, présenté comme le projet éducatif de l’école, les auteurs présentent les fondements de la pédagogie Waldorf.
Dans le contexte actuel, il convient de citer entièrement la section intitulée La Pédagogie Waldorf (section 1.0 Les fondements) :
«1.0 Les fondements
1.1 La constitution humaine ternaire
Pour Steiner, l’être humain présente une nature tripartite composée du corps, de l’âme et de l’esprit. Le corps est le lieu de l’inconscient physique; il vit de multiples rythmes physiologiques sans en avoir conscience. L’esprit est le lieu de l’inconscient spirituel présenté en polarité avec le corps; il contient toutes les potentialités de la personne. L’âme est l’élément de médiation et d’harmonisation du corps et de l’esprit.
1.2 L’Organisation humaine quaternaire
Selon Steiner, la personne est la synthèse vivante des règnes minéral, végétal, animal et humain : le corps physique, le corps éthérique (ou corps de vie), le corps astral (ou corps de sensibilité) et le moi. Le corps physique obéit aux lois du règne minéral (comme la pesanteur, la désagrégation, etc.); il s’observe dans l’espace. Le corps éthérique, comme le règne végétal, est vivant, se transforme et, de ce fait, s’observe dans le temps. Le corps astral, comme les animaux, se déplace dans l’espace exprimant par là une impulsion propre fondée sur la satisfaction d’un besoin dont l’origine est intérieure. Le moi est l’esprit vivant dans l’être humain, son essence même, sa faculté pensante, personnelle et libre.
1.3. La double hérédité
Steiner croyait à la réincarnation et à une double hérédité : l’hérédité physique du corps qui porte les gènes de sa race et de sa famille et l’hérédité spirituelle du moi qui transporte tout son passé spirituel et son projet individuel dans sa nouvelle «armature corporelle».
1.4 Le rythme septennal de développement
Steiner estimait que l’être humain se développe par vagues successives de sept (7) ans. Chaque étape de croissance inclut les précédentes. Chacune est marquée par l’émergence progressive du moi. La première septaine est celle du développement physique, de l’achèvement des structures et organes essentiels. L’enfant y vit une activité intense où il se fond au monde physique. Il apprend surtout par imitation. La deuxième septaine est celle du développement de l’imagination. Les objets extérieurs font naître en l’enfant des images et non des pensées. Le «ressentir» est à l’avant-scène. D’emblée, il a le sens artistique, l’imagination qui crée les symboles. L’enfant, entre 7 et 14 ans, déploie une activité intense; la passion de créer, d’où l’importance de la production artistique. La troisième septaine est celle du développement de la pensée critique. L’adolescent développe une conscience vive de la différence entre son monde intérieur et le monde qui l’entoure et il veut définir ses propres relations, il apprend souvent pour opposition, par contraste, par expérimentation (essai et erreur).»
Ce document, obtenu par la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, fait état du corps éthérique, du corps astral, du Moi (entité spirituelle éternelle qui constitue en fait, selon l’Anthroposophie, le cœur de l’être humain), de la réincarnation et du karma (la double hérédité). Les septaines décrits dans cet extrait représentent le chemin d’incarnation dans le corps physique des entités spirituelles que constituent le corps éthérique, le corps astral et le Moi.
Ainsi donc, la pédagogie Waldorf est étroitement liée à ces différentes entités spirituelles. Bien plus, elle a été créée dans le but de faciliter leur incarnation dans le corps physique comme l’explique un site internet anthroposophe:
«Pour permettre à l’homme [de réaliser] un travail sur lui-même – dont le but est qu’il devienne la dixième hiérarchie – et de spiritualiser la Terre, l’anthroposophie a développé une pédagogie qui s’adresse à l’enfant qui vient sur terre avec ses difficultés et ses dons dus à des vies antérieures. En effet, une vie seule ne suffirait pas à cette tâche et l’être humain se réincarne tantôt dans un sexe, tantôt dans l’autre, tantôt dans une race, tantôt dans une autre (…). L’éducateur s’efforce d’aider l’enfant à surmonter les obstacles à son évolution afin qu’il puisse accomplir le projet qui a guidé sa venue sur terre.»
Le but poursuivi par cette pédagogie hors-norme est nettement spirituel, comme l’explique l’École communautaire l’Eau-Vive de Victoriaville, autre école publique Waldorf, dans son projet pédagogique transmis au ministère de l’Éducation:
«Les écoles Waldorf ne sont pas confessionnelles, elles laissent le choix de telle ou telle tradition religieuse à la famille, mais elles cultivent l’éveil du sentiment religieux. Ce sentiment ouvre la possibilité de se relier à tout ce qui est divin dans la nature, dans l’être humain et aussi dans les mouvements de pensée qui ont guidé l’humanité dans son évolution. Comment se traduit l’éveil du sentiment religieux ? D’une façon différente en fonction de l’âge de l’enfant. Avec les petits : (jardin d’enfants, maternelle et premières années du primaire) : (…) Le sentiment du divin est cultivé à travers les contes et légendes où sont développées des qualités humaines telle que bonté, désir de venir en aide, amour de la vérité, loyauté, courage, etc. (…) Avec les plus grands : L’éveil du sentiment religieux est abordé à travers la biographie des personnages historiques et religieux qui ont su résoudre des problèmes de façon exemplaire, en se dépassant. Ces personnages incarnent des facultés de courage, de persévérance ou de don de soi qui sont des références vécues pour les enfants. Plus tard, la classe abordera l’étude des religions, ainsi que la vie d’êtres qui ont marqué l’histoire de l’humanité : Krishna, Moïse, Jésus-Christ… L’étude de ces biographies instruit sur la recherche incessante de l’homme vers la liberté.»
La doyenne des écoles Waldorf au Québec, L’École Rudolf Steiner de Montréal (école privée), suit également la même tangente en matière spirituelle comme en fait foi un extrait d’un document envoyé par elle au ministère de l’Éducation du Québec dans le cadre du renouvellement de son permis d’enseignement :
«Les écoles Waldorf ne sont pas confessionnelles mais elles accordent une grande importance au développement spirituel de l’enfant. Les élèves sont sensibilisés, selon une approche correspondant à leur âge, aux grands mythes et religions du monde qui ne sont pas présentés comme des dogmes mais comme des moyens que se sont donnés les humains pour tenter de comprendre l’origine de l’humanité et de trouver ainsi un sens à leur vie. Le développement moral de l’enfant est, entre autres, soutenu par une mise en contact avec les grands contes et légendes qui ont marqué les différentes cultures. La grande richesse symbolique de ces œuvres permet aux enfants de s’y identifier et d’y trouver, par les valeurs universelles qu’elles contiennent, la nourriture nécessaire au développement de leur identité. L’approche de l’être humain, de la nature, de l’univers, de l’histoire, privilégiée dans les libres écoles Waldorf, a pour objectif principal de relier très profondément et progressivement, dans la lumière de la conscience, l’être humain à tout ce qui l’entoure, à son passé comme à son avenir, dans et par une pensée vivante qui lui permet d’aller à l’essence même des êtres, des phénomènes, des événements, et donc d’éclairer son action à la lumière de ce lien profond avec le monde. Au-delà de toute confession, les principes d’éducation qui sous-tendent et animent notre enseignement chaque jour et tout au long de l’année visent à faire naître chez l’élève, à travers chacune des matières enseignées, des impulsions morales et religieuses.»
Comment croire les tenants de la pédagogie Waldorf lorsqu’ils affirment sans broncher que leurs écoles ne sont pas confessionnelles, alors que l’Anthroposophie est le cœur, l’unique racine, de celles-ci ?
Comment expliquer que les responsables de la Commission scolaire des Patriotes et le ministère de l’Éducation n’aient pas été en mesure de constater l’aspect religieux de la pédagogie Waldorf ?
Que dois-je en conclure ? Est-ce de l’incompétence ou de la prévarication ?
Aux autorités de répondre maintenant !
Dans le prochain article de cette série, je vais aborder la place du Christ et du karma dans la pédagogie Waldorf….
À suivre…