Un anti-sectaire au Congrès Eucharistique de Québec
Par Yves Casgrain
Consultant en mouvements sectaires
Auteur du livre Les sectes : Guide pour aider les victimes
Animateur du blog Journal d’un anti-sectaire
http://lantisectaire.spaces.live.com
Il y a quelques mois le responsable de la pastorale de ma paroisse a demandé à ma femme et à moi-même si nous voulions être délégué au Congrès Eucharistique. C’est sans hésitation aucune que nous avons accepté cette offre providentielle. Providentielle car, comme des milliers de catholiques québécois, je me pose de sérieuses questions quant à l’avenir de la pratique religieuse au sein de notre province. Le taux de participation aux messes dominicales ne cesse de diminuer. Bien plus, aucun nouveau candidat à la prêtrise ne s’est inscrit dans un Séminaire du Québec. Personne à Montréal, personne à Chicoutimi, personne à Québec… Personne ! Il y a bien sûr des candidats à la prêtrise qui passeront par les Facultés de théologie. Néanmoins, nous sommes devant un signe des temps qu’il nous faut décrypter.
Le Congrès Eucharistique sera pour moi, et pour des milliers d’autres catholiques, j’en suis convaincu, un temps de réflexion, de discussions et de partages sur cette inquiétante situation. Le Congrès Eucharistique sera également un temps de méditation, de prière, et de participations Eucharistiques. En fait, ces manifestations de la foi catholique constitueront le cœur de ce grand rassemblement international. N’en déplaise à certains catholiques contestataires qui n’ont ne cesse de discréditer l’Église.
Contrairement à ce qu’ils colportent dans les médias, et plus particulièrement dans Le Devoir, ils ne sont pas les seuls à se préoccuper de la crise au sein de l’Église Catholique. Ils ne sont pas les seuls à chercher des nouveaux moyens d’attirer les croyants non pratiquants. C’est justement ma préoccupation première au sein de ma paroisse. Mon implication porte la marque de l’évangélisation dans un monde en perte de sens. Je suis bien placé pour savoir que l’Église catholique, malgré les scandales dus à certains de ses enfants, parfois scandaleusement camouflés par la hiérarchie, peut offrir ce que cherchent nos contemporains en recherche.
Les sectes, les nouvelles religions, les mouvements ésotériques et occultes attirent encore. Toutefois, dans une société individualiste comme la nôtre, se sont souvent les idées véhiculées par ces organisations qui rejoignent les chercheurs de sens. La participation au sein de ces groupes est souvent faible. Normale puisque c’est l’engagement à long terme qui est en crise. C’est une des raisons qui explique la crise vécue par l’Église Catholique. Elle n’est pas la seule à perdre des fidèles dans une société de plus en plus sécularisée.
Devant la baisse de participation à la messe dominicale, devant la baisse catastrophique des prêtres québécois, des Frères et des Sœurs au sein des différentes communautés religieuses québécoises, il est impératif de s’arrêter pour réfléchir à l’avenir de l’Église Catholique. Pour se faire, il faut avoir le courage de regarder son passée pour y illuminer ses ombres mais aussi pour éclairer ses grandioses et courageuses réalisations que des centaines d’années de dénigrements intellectuels ont relégué dans la noirceur. Le passé est source d’enseignement profond qui nous aide à fixer l’avenir avec un regard neuf et plein d’espérance. Il faut également prendre le temps de se mettre à genoux pour prier, méditer, et demander pardon pour toutes les fois où nous n’avons pas été à la hauteur des premiers évangélisateurs de ce Québec dont nous célébrons le 400ième anniversaire. Car il ne faut pas l’oublier, comme semble l’avoir fait mes frères catholiques réfractaires, l’Église c’est nous ! Si il y a crise en la demeure, c’est aussi de notre faute, pas seulement celle de la hiérarchie.
Le discours des contestataires ne reflète pas la réalité de l’Église Catholique. Cette dernière n’est pas monolithique comme peuvent l’être les mouvements sectaires. Mon curé nous a manifesté poliment et respectueusement son agacement devant la procession qui aura lieu lors du Congrès Eucharistique. Cependant, moi qui ne suis pas pourtant un traditionaliste, trouve que ce genre de manifestation peut frapper l’imaginaire des croyants non pratiquants et peut contribuer à un retour à la pratique cultuelle. Je considère que le dépouillement successif de l’Eucharistie a joué un rôle non négligeable dans la baisse de participants. Il y a plus, il est vrai ! Mais à force d’évacuer le Mystère pour la simple raison qu’il n’est pas scientifique équivaut à un suicide purement et simplement.
Évacuer du discours catholique l’œuvre des anges, la part du diable, la résurrection du Christ, ses miracles et ses guérisons physiques et intérieures, comme le font certains théologiens, est le signe que la foi n’est plus au rendez-vous. Du moins celle propagée par l’Église catholique. Oui, il s’agit belle et bien ici de la foi, de la croyance et non du Savoir rationnel, scientifique. Nous pouvons vivre notre foi en toute rationalité mais pour ce faire il faut également assumer sa part d’irrationnel, de Mystère.
Les grands promoteurs des œuvres caritatives mis sur pied par des hommes et des femmes d’Église possédaient cette foi que les critiques voudraient faire disparaître. Ils oublient qu’elle est la base de toutes actions envers les pauvres, les déshérités, les exclus. C’est cette même foi en l’Eucharistie qui me permet de me donner à mes frères et à mes sœurs atteints par la maladie mentale. Nier l’importance de l’Eucharistie, c’est tarir la Source qui maintient en vie l’Église Catholique.
Vive le Congrès Eucharistique !