Archives de Catégorie: Santé et bien-être

L’hôpital du plaisir Raël de retour sur notre planète

L’hôpital du plaisir
Raël de retour sur notre planète
 
 

Cela faisait longtemps. Je commençais à m’ennuyer de Raël. Après une éclipse médiatique le voici de retour à la Une des journaux africains. Sa dernière trouvaille: Clitoraid.

Clito quoi ? Clitoraid. Ce néologisme vient des mots clitoris et aide. Cette compagnie, puisque cela en est une, veut aider les femmes excisées à retrouver leur clitoris à l’aide d’une chirurgie médicale. En Afrique, des mères africaines font exciser à froid leur fillette. Cette véritable boucherie se réalise souvent dans des conditions hygiéniques repoussantes. Ému par le sort de ces femmes, Raël a donc eu une «idée humanitaire» en créant Clitoraid.

Bien qu’il en soit le fondateur, Claude Vorilhon (véritable nom de Raël), laisse à la porte-parole raëlienne, Brigitte Boisselier, le loisir de diriger l’entreprise à but non lucratif. Brigitte Boisselier est une scientifique française qui est la tête d’une autre idée humanitaire de Raël qui a fait beaucoup de bruit il y a quelques années ; Clonaid. Cet autre néologisme vient des mots clone et aide. Cette entreprise se propose de cloner votre enfant, votre conjoint ou vous-même moyennant quelques milliers de dollars américains.

Clitoraid vient de financer la construction d’un hôpital du plaisir au Burkina-Faso dans lequel les femmes pourront bénéficier d’une opération chirurgicale afin de reconstruire leur clitoris. Des bénévoles raëliens s’activent afin de terminer le plus rapidement possible l’hôpital du plaisir. Vu le nombre énorme de femme Burkinabe excisées, Raël songé qu’il valait mieux, plutôt que "d’employer l’argent rammasé de Clitoraid pour opérer juste quelques femmes, nous devrions créer le premier hôpital raëlien, “l’hôpital du plaisir”, et opérer toutes les femmes africaines, gratuitement, avec l’aide de médecins bénévoles, raëliens ou non." (voir leur site)

Malgré que cet établissement soit encore en construction, des Africaines raëliennes affirment, sur le site Internet de Clitoraid, avoir bénéficié des services de cette entreprise particulière. En tout, il semble que Clitoraid ait aidé six Africaines, dont des raëliennes. D’après le rapport financier 2006-2008 de l’organisme, ce dernier a dépensé 18 687,72 $ pour ces six opérations. L’argent a été récolté par le biais de collectes de fonds dans plusieurs pays. Au total, les bénévoles de Clitoraid ont amassé 119 897,27 $ US dont 27 159,87 proviennent du Canada. Le slogan de cette campagne internationale? «Adoptez un clitoris»!

Certaines des opérations ont été réalisées par le docteur Pierre Foldes, chirurgien de renommée mondiale qui a mis au point la chirurgie visant à reconstruire le clitoris. Toutefois, ce dernier vient de faire savoir qu’il envisage une poursuite judiciaire contre Clitoraid puisque, dit-il, les écrits de Clonaid laissent entendre qu’il collabore avec cette organisation. Dans une entrevue accordée à Jeune Afrique, Pierre Foldes a déclaré qu’il ne soutiendrait jamais les raëliens. Il affirme que ceux-ci ne l’ont jamais contacté. L’eurent-ils fait, il aurait refusé toute collaboration, dit-il. «Mon engagement pour la santé des femmes est total et bénévole. Ces tentatives de récupération iniques ne servent en rien la cause des femmes excisées, déjà victimes d’un système qui ne les respecte pas a-t-il déclaré au journaliste de Jeune Afrique.

Pour sa part, Clitoraid affirme avoir joué franc-jeu avec le chirurgien Foldes. Elle dément être une association raëlienne bien qu’elle soit une création de Raël. L’organisation déclare avoir en son sein des bénévoles de toutes les religions. Il en va de même pour ses docteurs selon un texte publié sur son site internet.

Cette controverse n’étonne guère. Elle rappelle étrangement celle provoquée par Clonaid.

Bien qu’il s’agisse d’une cause noble, ou plutôt, parce qu’il s’agit d’une cause noble, les personnes sensibles à la situation des enfants excisés feront preuve d’une grande sagesse en ignorant totalement Raël et son hôpital du plaisir au profit d’organisations reconnues. Une personne avertie en vaut deux, n’est-ce pas?

Ce texte a été publié sur le site http://www.enlignetoi.com/yves-casgrain/19309-lhopital-du-plaisir–rael-de-retour-sur-notre-planete

 

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Le cauchemar des Premières Nations

 

Le cauchemar des Premières Nations

Qu’avons nous fait à nos frères et nos soeurs des Premières Nations ? Qu’avons nous fait à ces peuples si richement pourvus en beauté, profondeur, spiritualité ?

 «Suis-je le gardien de mon frère ?» a répondu Caïn à Dieu qui lui demandait où était Abel. Caïn venait tout juste d’assassiner Abel par pure jalousie. «Suis-je le gardien de mes frères autochtones ?» demandent en coeur les gouvernements canadiens et son peuple. À lire les différents rapports sur l’état de la santé mentale, physique et économique des Premières Nations, la réponse donnée à cette question est un scandaleux «NON» !

 Un non comme celui que vient tout juste de dire le Canada aux Nations-Unies qui tentaient de le convaincre de signer la Déclaration des Nations-Unies sur les droits des peuples autochtones. Ce document stipule à l’article 24 que « (…) Les autochtones ont (…) le droit d’avoir accès sans aucune discrimination, à tous les services sociaux et de santé. Les peuples autochtones ont le droit, en toute égalité, de jouir du meilleur état possible de santé physique et mentale. Les États prennent les mesures nécessaires en vue d’assurer progressivement la complète réalisation de ce droit.»

 Les quelques statistiques mentionnées dans l’article de notre rédacteur Marc Charron prouvent que la santé mentale des autochtones est littéralement ravagée. Citons-en une, celle du pourcentage d’autochtones qui ont consulté un spécialiste de la santé mentale au cours de l’année qui a précédé le sondage réalisé par l’Enquête régionale longitudinal 2002-2003 sur la santé des Premières Nations. Ce pourcentage est hallucinant : 17% ! Alors que nous savons que les services spécialisés en santé mentale sont déficients dans les réserves et qu’ils rejoignent mal les autochtones hors réserves !

 Ce chiffre s’explique pourtant ! Le rapport intitulé Aspect humain de la santé mentale et de la maladie mentale publié par l’Agence de santé publique du Canada en 2006 reconnaît que l’état pitoyable des autochtones canadiens est dû en grande partie aux facteurs historiques et à l’acculturation. «Toute réflexion sur la santé mentale des Premières nations et des Inuits, écrivent les auteurs du rapport, doit tenir compte des facteurs historiques qui ont mené à la situation actuelle. Les changements découlant du contact avec la culture eurocanadienne ont eu de profondes répercussions sur ces collectivités, sur l’identité individuelle et collective de leurs membres ainsi que sur leur état de santé global.» 

 Les conditions économiques dignes du Tiers-Monde expliquent également le haut taux d’autochtones ayant consulté un spécialiste de la santé mentale. Dans certaines réserves la situation est elle telle que même l’eau n’est plus potable ou est à risque ! Le rapport annuel de 2005 du Commissaire à l’environnement et au développement durable pour le Bureau du vérificateur général a révélé que «malgré l’investissement de centaines de millions de dollars en fonds fédéraux, une proportion considérable des réseaux d’approvisionnement en eau potable dans les collectivités des Premières Nations continue de fournir de l’eau dont la qualité ou la salubrité est à risque. Bien que l’accès à l’eau potable se soit améliorée, la conception, la construction, le fonctionnement et l’entretient de bon nombre de réseaux d’approvisionnement en eau sont encore déficients.» Concrètement cela veut dire que dans certaines réserves l’eau peut rendre malade. C’est le cas des membres de la Première Nation d’Aamjiwnaang qui depuis 1993 s’interrogent sur la qualité de l’eau potable. Leurs propres études ont démontré que le taux de PCB, de nickel, de cadmium, d’arsenic, de zinc et de plomb était extrêmement élevé.

 Ce fait, et de nombreux autres, démontrent que le Canada viole les droits et libertés des Premières Nations. À chaque jour, des autochtones subissent les répercussions de politiques et de pratiques qui sont indignes d’une démocratie en bonne santé économique. Rien ne peut justifier cette situation exécrable. L’abjecte non lancé à la face des Nations Unies par le Canada est de mauvais augure pour  l’avenir des Premières Nations.

  «Suis-je le gardien de mes frères ? »

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LE GRAND TABOU

ÉDITORIAL DE L’ÉTÉ 2006 DE LA REVUE MENTALITÉ

 
Le grand tabou
 
Avez-vous été intrigués par le titre de la page couverture ? Je parie que oui ! Et pourtant il ne s’agit que de cela, un titre ! Mais quel titre, me direz-vous ! Quoi ! Le mot religion vous fait peur ? Ou vous met-il simplement mal à l’aise ? Pourquoi ? Sans doute parce que l’expérience religieuse est le grand tabou dans le monde de la psychiatrie.

 
Voilà quatre ans que je suis à la barre de Mentalité. Au cours de ces années, j’ai couvert de nombreuses conférences et  plusieurs colloques. J’ai écouté plusieurs entrevues réalisées par les rédacteurs de la revue. Rarement ai-je entendu des propos se rapportant à la religion ou encore à la spiritualité. Parfois, comme cela a été le cas lors du dernier colloque de l’Association québécoise pour la réadaptation psychosociale, des praticiens osent, à demi-mot, en parler, souvent de manière anecdotique. Comme si le fait d’évoquer cette réalité pouvait provoquer une tempête de réprobations dans le milieu psychiatrique.  
 
Je sais bien que des personnes atteintes de troubles psychiques ont vécu des épisodes psychotiques teintés de délires mystiques. Plus d’un se sont pris pour le dernier des prophètes apocalyptiques. À ce sujet, et sur une note plus humoristique, circule une blague qui en dit long sur ce tabou qu’est devenue au fil du temps la religion dans le monde de la santé mentale. Un jour, le Pape visite un hôpital psychiatrique. Devant chaque malade qu’il rencontre, il se présente en disant ; «Bonjour, je suis le Pape». Après en avoir salué plusieurs, un d’entre-eux s’approche et murmure à l’oreille de cet auguste visiteur : «Monsieur, faites attention car j’ai déjà fait la même chose que vous et les psychiatres ne m’ont pas relâché !»  
 
Loin de moi l’idée de laisser ces personnes délirantes et  désorganisées sous prétexte qu’il s’agit là d’une expérience mystique ! Il faut certes intervenir pour le bien de ces individus. Toutefois, réduire le vécu religieux et spirituel à ces épisodes psychotiques est pour le moins insultant pour les nombreux croyants vivant des problèmes psychiques ! Passer sous silence leurs expériences religieuses et spirituelles sous prétexte que certains d’entre-eux sont susceptibles de se prendre pour le sauveur de l’humanité est tout aussi humiliant pour eux !
 
Si les psychiatres et les intervenants ont tendance à éviter ce sujet, il n’en est pas de même pour tous. Ainsi des organisations très bien structurées et sérieuses se chargent d’accompagner les malades et de donner un sens à cette terrible maladie. Grâce à une simple petite recherche sur Internet, j’ai découvert l’existence de l’Association des Intervenantes et Intervenants en Soins Spirituels du Québec (http://www.aiissq.net/files/intro/) dont fait partie Le Comité des Soins Spirituels en Santé Mentale (http://www.geocities.com/aqps/). Ce dernier a été créé en 1989 pour pallier à l’absence presque totale d’informations pertinentes sur le rôle de la religion et de la spiritualité dans une démarche de réhabilitation dans le contexte psychiatrique.   De plus, des hôpitaux psychiatriques offrent un service de pastorale aux personnes y séjournant.
 
C’est ainsi qu’à l’Hôpital Louis-Hyppolyte-Lafontaine, une équipe composée de religieux et de laïcs offre un accompagnement spirituel et religieux aux malades et aux membres de leur famille. Dans son approche, le Service de pastorale de l’hôpital «tient compte des besoins biopsychosociospirituels des usagers». Bien que le personnel soit catholique, le Service pastoral n’a pas d’appartenance religieuse.  
 
La présence d’un tel service dans les hôpitaux psychiatriques est une obligation légale. En effet la Loi sur les services de santé et les services sociaux stipule à l’article 100 que «les établissements ont pour fonction d’assurer la prestation de services de santé ou de services sociaux de qualité qui soient continus, accessibles, sécuritaires et respectueux des droits des personnes et de leurs besoins spirituels et qui visent à réduire ou à solutionner les problèmes de santé et de bien-être et à satisfaire les besoins des groupes de la population.»  
 
Devant de telles données, je comprends mal pourquoi la religion et la spiritualité en psychiatrie sont encore taboues. Catholique et pratiquant, je suis à même de constater que plusieurs malades sont des croyants, voir des pratiquants sérieux qui ont les deux pieds sur terre. 
 
Voilà pourquoi Mentalité a décidé de briser ce tabou en publiant un dossier spécial sur le sujet. Religions et santé mentale, fanatisme, prêtres face à la dépression, voilà autant de sujets abordés dans ce numéro. Bonne lecture et bon été !

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Un vingtième anniversaire à souligner avec faste et fierté

ÉDITORIAL DU PRINTEMPS 2006 DE LA REVUE MENTALITÉ
 
Un vingtième anniversaire à souligner avec faste et fierté
 
Vingt ans et toutes ses dents ! Cette expression populaire s’accorde bien avec le Centre de Jour l’Échelon qui fête ses vingt ans. Elle souligne le fait que malgré ses luttes pour une société plus juste, cet organisme est toujours debout !
 
Fier ! Voilà le mot qui me vient à l’esprit lorsque je songe à mon lieu de travail. Ce terme est inscrit bien profondément dans le coeur des employés du Centre de jour. Les animateurs et le coordonnateur, André Briand, consacrent leur vie professionnelle a donner de l’espoir à ceux qui trop souvent sombre dans la nuit noire du désespoir. Ils sont aidés par des partenaires sans qui le Centre de Jour l’Échelon ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui. Je pense, entre autres, à l’Hôpital Louis-H.-Lafontaine qui nous prête deux employés à plein temps (!), aux commissions scolaires, à l’organisme Des Lettres et des Mots, à la Ville de Montréal, en particulier l’arrondissement de Pointe-aux-Trembles. Toute cette équipe est appuyée par une floppée de bénévoles qui donnent de leur temps pour la plus grande joie des bénéficiaires.
 
Grâce à cette synergie, les membres du Centre de Jour l’Échelon peuvent jouir d’une programmation variée. Surtout, ils ont la chance d’avoir un lieu où ils peuvent se rencontrer et tisser des liens d’amitié solides. Plus qu’un simple organisme offrant des activités, le Centre de jour l’Échelon est pour beaucoup d’entre-eux un foyer où il fait bon venir échanger avec les animateurs et les participants.
 
Vingt ans !  Vingt ans de services essentiels ! À ceux qui doutent du bien fondé de cette petite phrase, disons tout de go que le loisir est un besoin fondamental. Il permet à la personne atteinte par la terrible maladie mentale d’échapper aux griffes du désespoir. Le jeux, le sport, l’art sont capitales dans le processus de rétablissement. Malheureusement, les autorités semblent souvent ignorées cette vérité.
 
Malgré les vents contraires, le Centre de Jour l’Échelon poursuivra sa route et restera fermement attaché à sa mission. Nous nous souhaitons bonne fête et longue vie ! 

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Sortir de la noirceur ? L’Alternative en santé mentale

ÉDITORIAL DE L’HIVER 2005-2006 DE LA REVUE MENTALITÉ
Sortir de la noirceur ? L’Alternative en santé mentale
 
Le  réseau de la santé mentale est constitué de divers courants qui couvrent l’ensemble des extrêmes. De rejet pur et dur de l’institutionnel à son acceptation sans réserve, toutes les positions sont représentées. Notre dossier sur l’alternative en santé mentale est un bon exemple de cette diversité. Les acteurs interrogés par Mentalité sont reconnus pour leurs positions qui se situes plus près du communautaire que de l’institutionnel. Nous avons donné la parole aux représentants de quatre organisations qui sont, en quelque sorte, les porte-parole de ce milieu dans lequel s’agite également différents courants. Ainsi le Regoupement des ressources alternatives en santé mentale du Québec (RRASMQ), le Réseau alternatif et communautaire des organisations en santé mentale du Montréal métropolitain (RACOR), l’Association Québécoise pour la réadaptation psychosociale (AQRP), l’Association des Groupes d’Intervention en Défense des Droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) ont accepté de répondre à nos questions. Ce dossier fait suite à celui consacré aux hôpitaux psychiatriques du Québec, publié dans le dernier numéro de Mentalité.
 
Ces mouvements jettent un autre regard sur la réalité en santé mentale. Tantôt incisif, tantôt concilliant, ils tentent de faire entendre leurs voix auprès des décideurs. Ils portent leurs messages comme d’autres portent un flambeau dans la nuit. L’alternatif peut-il sortir la santé mentale de la noirceur ? Certains vous diront oui. D’autres répondront que la santé mentale n’a pas sombré dans la noirceur. Quoiqu’il en soit, leurs propos ont le très grand mérite de jeter un éclairage particulièrement vif sur certains aspects plus noir de la psychiatrie. Ils offrent aux oreilles attentives un autre discours, celui des personnes atteintes par la maladie mentale.
 
Ce dernier est riche, dense et diversifié. Il concerne autant la réapropriation du pouvoir des personnes que des dernières tendances en psychiatrie. Ainsi, le Plan d’action en santé mentale 2005-2010 du ministère de la Santé et des Services sociaux est reçu assez positivement par l’AQRP et par le RACCOR. M. Gilles Lauzon, directeur de l’AQRP, souligne toutefois les «flous conceptuels» en ce qui a trait au rétablissement, même si ses grands principes directeurs sont intégrés dans le Plan. Le RACOR souligne que le Plan vise l’ensemble du réseau public et qu’il s’agit en fait d’une réorganisation des première, deuxième et troisième lignes. Pour Pierre Forest, président du C.A. du RACOR, l’aspect positif du Plan est qu’il veut garder les personnes le plus possible dans la communauté. Pour ce faire, il est important de faire connaître le communautaire aux omnipraticiens afin de leur faire voir qu’il existe une autre voie que la médication. À l’opposé, l’AGIDD-SMQ et le RRASMQ considèrent très négativement le Plan. Ainsi, Doris Provencher, directrice de l’AGIDD-SMQ, lui reproche d’être «excessivement médical». Cette dernière est d’avis que le document gouvernemental ne met aucun moyen concret pour que les personnes prennent leur place. Jean-Nicolas Ouellet, agent de liaison au RRASMQ se dit «très déçu» par le Plan. Il reproche au gouvernement de ne pas avoir consulté les personnes directement concernées par la maladie.
 
Par ailleurs, la désinstitutionnalisation reçoit un accueil assez positif de la part de l’AQRP qui encourage les acteurs à poursuivre dans cette voie tout en s’interrogeant sur le sort des prisonniers atteints par la maladie mentale. Le RACOR est plus critique surtout sur l’aspect économique de la désins. À ce chapître, il rejoint l’opinion de Jean-Nicolas Ouellet qui s’insurge sur le fait qu’elle a été très mal gérée. Il souligne également qu’il y a 5,000 itinérants seulement à Montréal. «Ce ne sont pas les responsables de la désins qui vont coucher dehors ce soir», lance l’agent de liaison au RRASMQ. L’AGIDD-SMQ est aussi d’avis que l’argent n’a pas suivi. Le communautaire s’est arrangé pour se débrouiller avec très peu de moyens», souligne-t-elle.
 
Concernant les hôpitaux psychiatriques à l’heure de la désins, Jean-Nicolas Ouellet déclare sans ambages qu’il n’en veut plus ! Il se souligne que «c’est un grand choc pour les personnes malades de recevoir des soins dans un grand centre hospitalier qui a l’air d’une prison ou d’un camps de concentration.» Il cite en exemple le cas de l’Italie qui a fermé les hôpitaux psychiatriques pour faire place à de petits centres de soins. Cette position rejoint celle de l’AGIDD-SMQ. L’AQRP est plus ouverte mais se demande si les hôpitaux psychiatriques sont les meilleurs endroits pour appliquer les principes de la réintégration sociale.
 
Enfin, la pratique de l’isolement, de la contention et des électrochocs suscitent des prises de positions diversifiées. l’AGGID-SMQ et le RRASMQ les rejettent en bloc. Le RACOR demande de les utiliser lorsque cela est strictement nécessaire. L’AQRP  met en garde contre un discours noir et blanc.
 
 
Yves Casgrain

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Les hopitaux psychiatriques quel avenir ?

 
ÉDITORIAL DE L’AUTOMNE 2005 DE LA REVUE MENTALITÉ

 
LES HÔPITAUX PSYCHIATRIQUES QUEL AVENIR ?
 
A l’heure de la désinstitutionalisation, on peut se demander à quoi peuvent bien servir les institutions psychiatriques, d’autant plus que ces dernières se sont vidées à la vitesse de l’éclair. Vastes bâtiments, elles constituaient, il n’y a pas si longtemps, de véritables villes dans la ville.  Aujourd’hui, les hôpitaux psychiatriques n’hébergent que les cas les plus lourds. En 2004, l’hôpital Louis-H.-Lafontaine hébergeait entre ces vénérables murs 543 personnes dont une centaine seulement, à très long terme.  La ville est devenue une grande artère… Les personnes atteintes par la maladie mentale reçoivent toujours des soins à l’intérieur de ces hôpitaux. Cependant, entre leur hospitalisation, elles vivent dans la société. Qui aurait cru en 1940 ou 1950 que les « fous », qui a l’époque ne criaient pas encore, allaient se retrouver dans la rue ? Littéralement, pour certains !  Alors, démodés et inutiles ces hôpitaux psychiatriques ? Pas sûr !
 
Le dossier de Mentalité apporte un éclairage sur la nouvelle réalité des hôpitaux psychiatriques. Les directeurs-généraux  de l’Hôpital Douglas, de l’Hôpital Louis-H.-Lafontaine et de l’Institut Philippe-Pinel ont accepté de présenter leur vision du rôle et de l’avenir des institutions psychiatriques. Ce qui ressort de ces entrevues est une volonté manifeste de se conformer à la désinstitutionalisation. Bien plus, tous demandent aux instances politiques de fournir aux acteurs de la première ligne les munitions nécessaires pour gagner la bataille de la réinsertion sociale. Ils souhaitent ardemment que les soins donnés hors les murs soient bonifiés. Car, bien qu’ils applaudissent cette grande idée qu’est la désinstitutionalisation, ils sont très critiques face à la manière dont celle-ci s’est déroulée. Tous évoquent les laissés pour compte de cette grande aventure dont Radio-Canada a parlé dans un reportage saisissant.
 
Les hôpitaux Douglas et Louis-H.-Lafontaine ainsi que l’Institut Philippe-Pinel ont déjà pavé la route à une collaboration avec certains groupes communautaires et intermédiaires. Pour eux, ces derniers jouent un rôle crucial dans le rétablissement des personnes atteintes par la maladie mentale. Cette volonté marque bien le tournant démocratique entrepris par ces institutions.
 
Malgré ces changements, certaines pratiques demeurent. C’est le cas de l’isolement, de la contention et des électrochocs. Tous défendent ces pratiques que plusieurs dénoncent. Pour les directeurs, il s’agit de pratiques utilisées en dernier recours. Ils invoquent également la sécurité de leur personnel. À cet égard, c’est le Directeur de l’Institut Philippe Pinel, Paul-André Lafleur, qui a été le plus éloquent. « L’isolement et la contention sont des mesures nécessaires, lance-t-il. Cependant, à l’heure actuelle, nous les diabolisons. Moi je songe aux professionnels qui travaillent ici, ce qu’ils font au quotidien, les risques qu’ils prennent, la passion qu’ils mettent dans leur métier, l’enthousiasme qu’on a su maintenir. Que ces mêmes personnes se fassent accuser parce qu’ils utilisent l’isolement et la contention, je trouve cela scandaleux », des propos qui risquent de déplaire à plusieurs de nos lecteurs ou réconforter, c’est selon  ! À lire les propos des Directeurs généraux sur ces pratiques, on se rend compte que celles-ci ne vont pas disparaître de sitôt.
 
Les directeurs s’arrêtent également sur l’avenir de la recherche en santé mentale. Des espoirs sont permis, mais avec modération. Pour que les jours soient plus roses pour les malades, il faudra, comme le souligne M. André Lafleur, Directeur-général de l’Hôpital Louis-H.-Lafontaine, que « le caractère multidisciplinaire de la recherche doit absolument être privilégié pour assurer un développement des connaissances aptes à repousser les limites des maladies mentales ». Autrement dit, la recherche fondamentale, génétique, pharmacologique et l’évaluation des traitements et des technologies actuellement utilisés doivent toujours aller de pair.
 
Il est rare qu’une revue donne la parole aux directeurs généraux d’institutions psychiatriques. Mentalité trouvait important d’entendre leurs propos, eux qui sont régulièrement écorchés dans les média et au sein des organismes communautaires.
Ces derniers auront également droit à la parole puisque Mentalité prépare un dossier qui mettra en avant la vision des groupes communautaires et alternatifs en santé mentale. Il sera publié dans le numéro d’hiver 2005-2006, en même temps que l’entrevue avec le directeur de l’Hôpital Robert-Giffard de Québec, que des raisons de disponibilité ont forcé à retarder la publication.
 
En attendant, le 3ième colloque interétablissements en psychiatrie et en santé mentale se penchera sur la complexité de cet univers tout en nuance mais qui s’enligne vers un nouvel âge. Pour ce faire, il est important de créer des réseaux et de mettre un terme aux clivages et aux extrêmismes qu’ils soient institutionnels ou communautaires. 
 
Yves Casgrain
 
 

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La visite du ministre Philippe Couillard

Éditorial du printemps 2005 de la revue Mentalité
La visite du ministre Philippe Couillard : Un véritable défi
 
Recevoir le Ministre de la santé et des services sociaux est un événement en soit. À la limite, ses propos n’ont pas beaucoup d’importance. Sur le coup, c’est la personnalité de M. Philippe Couillard qui marque. Simple et vrai. Certes, il est un politicien qui défend ses dossiers, qu’il connait bien d’ailleurs. Toutefois, M. Couillard est un homme qui répond sans détour aux questions. Certes, ses réponses ne sont pas toujours celles que l’on voudrait entendre, mais elles ont le mérite d’être claires.
 
Au-delà de l’homme, au-delà de cette entrevue, il y a également toute la préparation d’un tel événement. Cela représente un défi colossal. Obtenir l’accord du ministre, choisir les questions et les discuter en groupe. Ensuite vient l’accueil et l’entrevue. Pour ma part, en tant qu’animateur, cette partie est la plus périlleuse. Comment coordonner le tout pour que tous puissent avoir le temps de poser leurs questions sans que nul ne soit brimé dans son désir légitime de s’adresser au ministre. Comment contrôler le tout en laissant un maximum de liberté aux participants. Toutefois, ces derniers ont manifesté un très grand professionnalisme digne des journalistes accrédités.
 
Lorsque le ministre retourne à ses bureaux, la joie des rédacteurs est palpable. La fierté se lit sur leur visage rayonnant. Pourtant, le travail n’est pas terminé. Il nous faut mettre par écrit l’entrevue qu’il vient de nous accorder. Que choisir ? Cette étape, tout comme celle du choix des questions, est réalisée de manière démocratique.
 
Cette entrevue unique dans toute l’histoire de la revue Mentalité est l’oeuvre de l’ensemble du comité de rédaction. Tous ont collaboré étroitement à la bonne marche de l’entreprise.
 
Cette réalisation prouve hors de tout doute que les personnes atteintes de problèmes mentaux peuvent faire de grandes choses lorsqu’elles en ont la chance !
 
Pour ce faire, il suffit de leur faire confiance. En tenant compte de leurs limites, nous pouvons les pousser au bout de leurs compétences. Une revue comme Mentalité ne se réalise pas à sens unique. Il faut de la part des responsables de la souplesse et une ouverture d’esprit. Ils leur faut faire preuve d’humilité et accepter de mettre à profit l’expérience et l’intelligence des rédacteurs. C’est sans doute cela la clef d’un partenariat réussi et vécu avec coeur.

 

Yves Casgrain

 

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