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Le Conseil de presse du Québec rejette la majorité des plaintes d’adeptes de la pédagogie Waldorf

Le Conseil de presse du Québec a rejeté la majorité des plaintes déposées par des adeptes de la pédagogie Waldorf au sujet des reportages réalisés en 2013 par Mme Pascale Breton du quotidien La Presse portant sur l’École de la Roselière. Parmi les griefs rejetés par le Conseil, un (grief 7) concerne l’utilisation par la journaliste d’une « source d’information inadéquate », c’est-à-dire votre serviteur… Lire la suite

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Le Christ anthroposophique dans la pédagogie Waldorf

Malgré la décision de la Commission scolaire des Patriotes de ne pas renouveler le statut d’école particulière accordé à l’École de la Roselière, ses professeurs continueront, jusqu’en juin 2013, à enseigner à leurs élèves à partir d’une pédagogie qui donne une place centrale au Christ. Deux autres écoles publiques s’appuient également sur cette pédagogie, soit l’École les Enfants de la Terre de Waterville et l’École communautaire l’Eau-Vive de Victoriaville. Notons, que ces deux institutions sont toujours reconnues par le Ministère de l’Éducation et leur commission scolaire respective…

Pour bien saisir l’importance du rôle joué par le Christ au sein de la pédagogie Waldorf, nous devons tout d’abord nous arrêter sur les enseignements que dispensait Rudolf Steiner, fondateur de l’Anthroposophie, nouvelle religion qui sert de base à l’enseignement Waldorf. Sans entrer trop profondément dans des détails ésotériques et opaques, il est toutefois indispensable de comprendre la pensée de Steiner au sujet du Christ avant d’aborder leur présence au sein des écoles Waldorf du monde.

Le Christ

Pour Rudolf Steiner, autrichien et philosophe autodidacte né en 1861 et mort en 1925, le Christ est une entité spirituelle qui s’est incarné dans le corps d’un dénommé Jésus de Nazareth. Voici comment il le présente à ses disciples :

Le moins que l’on puisse demander à l’élève [comprendre disciple, n.d.a.] est la bonne volonté d’admettre l’incarnation physique, en Jésus de Nazareth, de cette Individualité suprême, chef des Esprits du feu à l’époque solaire. (…) Il s’agit de voir, en Lui, l’Homme-Dieu, de nature unique : seule, cette condition fondamentale donnera à l’élève une disposition de l’esprit capable d’éveiller les forces cachées de l’âme. Il faut pouvoir croire aux premières paroles de l’Évangile de St-Jean : «Au commencement était le Logos et le Logos était Dieu» jusqu’au verset : «Et le Logos a été fait chair et il a habité parmi nous.» Le même Esprit qui fut le Souverain des Esprits du Feu, qui a exercé son action créatrice sur l’évolution de notre planète, que, pour cette raison, nous appelons aussi Esprit de la terre, a donc réellement vécu parmi nous dans un corps de chair; il est, en vérité, descendu dans un corps matériel. Si l’on ne peut admettre ces vérités, il vaudrait mieux s’orienter vers une autre voie.Rudolf Steiner, Théosophie du Rose-Croix, Éditions Anthroposophiques Romandes, 1983, 215 pages, p. 193.

Lorsque Jésus de Nazareth meurt sur la croix, le Christ, cette entité spirituelle qui séjournait en lui, ressuscite. Ce faisant, il permet à l’humanité toute entière de reprendre son cheminement vers sa spiritualisation complète.

Selon Rudolf Steiner, si le Christ ne s’était pas incarné dans le corps de Jésus de Nazareth et que sa résurrection n’ait pas eu lieu, l’humanité «aurait donné la mort à la terre» et, par le fait même, empêcher toute évolution spirituelle à venir. Il faut savoir que pour le fondateur de l’Anthroposophie, le but ultime de l’être humain est de retrouver son état originel, soit un être totalement spirituel. Cet état, l’Homme l’a perdu dans une chute vertigineuse vers la matérialisation de son corps et de l’univers.

Ainsi, le Christ, selon Rudolf Steiner, est capable de sauver chaque être humain. Il peut l’aider à retrouver sa véritable nature spirituelle. Cependant, pour y parvenir, l’Homme doit choisir consciemment et librement le camp du Christ. Si l’être humain rejette le Christ, il se matérialisera à un point tel qu’il ne lui sera plus possible de s’élever vers le spirituel. Il restera alors prisonnier dans le matériel pour l’éternité.

Faire connaître le Christ aux élèves

Il n’est donc pas surprenant que de son vivant, Steiner lançait un vibrant appel aux professeurs Waldorf pour qu’ils fassent connaître à leurs élèves le Christ.

Si nous ne réussissons pas, entre la septième et la quatorzième année environ, par cette pédagogie dont parle l’anthroposophie, à donner vie au Christ, vivant à l’intérieur de l’être humain, alors l’enfant entrera dans sa future existence, privé de la possibilité d’acquérir la compréhension du Christ vivant. Ou bien il rejettera le Christ ou bien sans ressentir sa réalité intérieure, le gardera, par tradition, sans posséder les ressources intimes pour comprendre que grâce au Christ ressuscité l’homme vit en lui, l’éducateur avec l’enfant vivent en lui, que le Christ vivant s’éveille dans le cœur et l’âme. Le Christ peut alors prendre vie et ainsi par le lien qui unit l’âme au Christ, l’âme peut devenir immortelle.Pourquoi une pédagogique anthroposophique in Rudolf Steiner, L’Art éducatif. L’imagination créatrice dans l’enseignement, 9 conférences publiques faites dans des villes différentes entre le 25 mars 1923 et le 30 août 1924, Éditions Anthroposophiques Romandes, 1998, 268 pages, p. 122.

Dans son livre The esoteric background of Waldorf Education, René M. Querido, ancien Secrétaire Général de la Société Anthroposophique Américaine reprend la pensée de Rudolf Steiner :

Si les jeunes entre 7 et 14 ans, approximativement, ne sont pas introduits d’une manière vivante au Christ, conformément au curriculum Waldorf, ils auront tendance plus tard à le renier ou à embrasser une foi traditionnelle à travers laquelle ils ne pourront pas vraiment expérimenter le Ressuscité. René M. Querido, The esoteric background of Waldorf Education: The Cosmic Christ Impulse, Rudolf Steiner College Press, 1995, 105 pages, p. 36. Traduction libre.

Ces citations, éclairantes, nous révèlent que les professeurs, s’ils sont fidèles à la pensée de leur maître, doivent, par leur enseignement, donner vie au Christ. Or, de nos jours, la majorité des institutions Waldorf ne dispensent pas de cours de religion anthroposophique. Seul un certain nombre d’entre-elles donnent ce cours accompagné d’un rituel destiné aux élèves qui y sont inscrits. Ce rituel à été créé par Rudolf Steiner lui-même (ce qui démontre bien que les écoles Waldorf sont fondamentalement confessionnelles…). Comment font-ils alors afin de réaliser le souhait de leur Maître ?

Nous abordons ici une question à la fois ésotérique et exotérique. Ésotérique puisque le Christ de Steiner tient plus de ce champs d’interprétation que du Christianisme traditionnel. Exotérique, parce que le Plan scolaire des écoles Waldorf, nous le verrons, est construit afin de faire vivre le Christ, ou l’impulsion Christique dans le cœur des élèves et de l’institution.

Le Christ inspirateur de religions

Selon l’enseignement de Rudolf Steiner, le Christ, cette entité spirituelle, a contribué au cours de l’histoire de l’humanité à l’éclosion des religions qui ont précédé le christianisme. La descente de l’entité Christique s’est étalée sur des millions d’années terrestres. À mesure que l’entité Christique s’approchait de la Terre, celle-ci répandait ses impulsions sur des personnages religieux significatifs au sein de leur époque. Ainsi, Zarathoustra, Hermès, Bouddha, Moïse, pour ne nommer que ceux là, étaient tous des initiés habités par l’impulsion Christique. Dans leurs enseignements, c’est du Christ qu’ils parlaient sous une forme imagée. L’incarnation du Christ dans le corps de Jésus de Nazareth, alors que celui-ci avait 30 ans, vint fusionner les divers courants religieux. Sa crucifixion a fait couler son sang qui s’est mélangé à la Terre. Depuis lors, tout ce qui est sur cette planète est intimement lié au Christ. Y compris les non-chrétiens.

Voilà pourquoi un auteur anthroposophe, ancien prêtre catholique, peut écrire :

La science spirituelle de Rudolf Steiner nous offre une masse d’appellations concernant l’être christique; elles ne le caractérisent pas moins réellement que le mot «Christ». Cette entité peut être appelée : «l’Être solaire», «l’Être de l’amour», «le représentant de l’humanité», «le Fils de l’homme», «le Maître du karma», «le Ressuscité», «Celui qui revient», «le Maître des bodhisattvas», «dispensateur du Saint-Esprit», «la Parole cosmique», «le Logos», «le sens du cosmos», «l’être du Moi», «le Je suis», «Celui qui rend possible la liberté», l’Homme divin parfait», «le Fils du Père cosmique», «le Fils de Dieu». On peut aussi se servir des appellations pré-chrétiennes par lesquelles, dans les mystères, les initiés ont attiré l’attention sur l’être solaire s’approchant de la Terre : «Vishva Karman» chez les Hindous, «Ahura Mazdao» chez les Perses, «Osiris» chez les Égyptiens, «Yahveh» chez les Juifs, etc. … Cette liste, je l’ai établie sans peine et je suis sûr que de nombreuses autres appellations seraient encore applicables à cet Être central et universel de notre système solaire. Pietro Archiati, Le christianisme ou le Christ ?, Éditions Anthroposophiques Romandes, 1996, 183 pages, p. 171.

Ce Christ, nous le constatons, est bien loin de celui professé par les religions chrétiennes traditionnelles. Steiner a fait du Christ une entité qui les transcende tous. Dans son esprit et dans celui des anthroposophes, tout comme des professeurs, l’impulsion christique se retrouve aussi bien dans le christianisme que dans les religions pré-chrétiennes.

Un curriculum christique

Dès lors il n’est pas étonnant de constater que le curriculum scolaire des écoles Waldorf, publiques ou privées, a pour but de cultiver «l’éveil du sentiment religieux», comme l’explique l’École communautaire l’Eau-Vive de Victoriaville dans un document destiné à la Commission scolaire des Bois-Francs.

L’une des particularités de la pédagogie Waldorf est sa dimension spirituelle. La pédagogie repose sur le fait qu’il existe chez l’être humain une part de lui-même qui veut se relier à une dimension supérieure ou divine, comme à une grande source. Ce lien individuel avec quelque chose de plus grand dépasse telle ou telle confessionnalité. Il anime en chacun un sentiment de reconnaissance envers la nature et de confiance en l’être humain.

Les écoles Waldorf ne sont pas confessionnelles, elles laissent le choix de telle ou telle tradition religieuse à la famille, mais elles cultivent l’éveil du sentiment religieux (en italique dans le texte, n.d.a.). Ce sentiment ouvre la possibilité de se relier à tout ce qui est divin dans la nature, dans l’être humain et aussi dans les mouvements de pensée qui ont guidé l’humanité dans son évolution. Revue des particularités de la pédagogie Waldorf en vue de l’élaboration d’un plan d’action conjoint de l’École l’Eau vive à la Commission scolaire des Bois-Francs, le 11 décembre 200216 pages, p. 13. Document obtenu grâce à la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels.

En lisant cet extrait les habitués de la doctrine spirituelle anthroposophique de Rudolf Steiner sont en terrain connu. Car c’est de cela qu’il s’agit ici. Les auteurs présentent subtilement aux fonctionnaires de la Commission scolaire des Bois Francs la base confessionnelle des écoles Waldorf, c’est-à-dire, l’Anthroposophie.

Poursuivons la lecture de ce document essentiel :

Comment se traduit l’éveil du sentiment religieux ? D’une façon différente en fonction de l’âge de l’enfant :

Avec les petits : (jardin d’enfants, maternelle et premières années du primaire) :

C’est la reconnaissance, l’émerveillement devant le spectacle de la nature et de ses cycles (la plante qui germe et qui croît, le poussin qui sort de l’œuf, la lumière d’une chandelle, la transformation des saisons…). Le lien avec la nature est cultivé à travers les rondes, les chants, les parties rythmiques. (…)

Le sentiment du divin est cultivé à travers les contes et les légendes où sont développées des qualités humaines telles que bonté, désir de venir en aide, amour de la vérité, loyauté, courage, etc. (…)

Avec les plus grands :

L’éveil du sentiment religieux est abordé à travers la biographie de personnages historiques et religieux qui ont su résoudre des problèmes de façon exemplaire, en se dépassant. Ces personnages incarnent des facultés de courage, de persévérance ou de don de soi qui sont des références vécues pour les enfants.

Plus tard, la classe abordera l’étude des religions, ainsi que la vie d’êtres qui ont marqué l’histoire de l’humanité : Krisna, Moïse, Jésus-Christ…L’étude de ces biographies instruisent [sic] sur la recherche incessante de l’homme vers la liberté.

À travers ce cheminement des petites aux grandes classes, l’enfant peut identifier et ressentir les valeurs humaines universelles, ainsi que les courants de pensée qui ont forgé l’humanité. Il éveille ainsi sa conscience et développe son identité.

Cet éveil se nourrit également des thèmes de chaque année scolaire, toiles de fond de toutes les activités pour chaque classe. Ces thèmes, dont certains peuvent être perçus à prime abord comme ayant une connotation religieuse, sont élaborés au fil des ans dans une perspective avant tout historique de l’évolution de l’humanité. Dans un souci de développement global de l’enfant devant le mener à une vie d’adulte où il se sentira responsable et prendra sa place comme citoyen de la société qui sera la sienne, la pédagogie travaille à lui faire connaître, par le biais des thèmes de chaque année, l’évolution de la pensée humaine à travers les âges. Cette évolution de la pensée est non pas étudiée, mais vécue en quelque sorte à travers les activités développées à partir de ces thèmes. Il ne s’agit pas d’endoctriner les enfants à l’Ancien Testament en 3e année ou à l’islam en 6e; le but est de faire vivre à l’enfant de manière intuitive l’état d’esprit de l’homme à chacune de ces époques respectives, sans en omettre, et ce à des moments où l’enfant de chaque âge a la maturité pour le ressentir correctement. Il y a corrélation entre l’époque historique étudiée en classe et l’âge de l’enfant. (Ici les spécialistes de l’éducation reconnaîtront les prémices d’une théorie pédagogique devenue obsolète.)

En plus de ce travail en classe, l’école entière vit au rythme du calendrier des fêtes. Les fêtes vont nourrir l’aspect social et enrichir d’images et d’expériences la vie intérieure de l’enfant. Les grandes fêtes chrétiennes qui correspondent à notre culture occidentale sont soulignées : l’Avent, Noël, Pâques, la St-Jean, la St-Michel, la St-Martin sont des occasions pour l’enfant de se lier aux rythmes de la terre. Ces fêtes sont la source d’images archétypales essentielles dans la scolarité de l’enfant. À travers les fêtes, l’enfant peut «puiser des forces d’équilibre intérieur et d’idéal quelle que soit l’orientation religieuse qu’il prendra par la suite lorsqu’il sera en mesure de se forger par lui-même ses propres convictions». Revue des particularités de la pédagogie Waldorf en vue de l’élaboration d’un plan d’action conjoint de l’École l’Eau vive à la Commission scolaire des Bois-Francs, opus cité, p.14.

Dans un autre document produit par l’École communautaire l’Eau vive revient sur le caractère non-confessionnel des institutions scolaires Waldorf :

À l’école Steiner (pédagogie Waldorf), la source de la démarche pédagogique est la connaissance de l’homme – dans ses qualités corporelles, sociales et morales, en d’autres termes, en tant que corps, âme et esprit – telle que développée par l’anthroposophie. ( Ici les auteurs font référence au corps physique, au corps éthérique et au corps astral.) Notre pédagogie ne vise pas cependant à enseigner l’anthroposophie en tant que quelconque doctrine assignée ou transmise aux enfants. (…)

Notre enseignement moral n’a rien de confessionnel et ne contient aucun dogme ou article de foi. Il veut être avant tout un approfondissement culturel. Son intention est d’éclairer les élèves sur la richesse et les possibilités qui sommeillent en eux et dans le monde. Éléments fondamentaux du curriculum Waldorf. Document préparé dans le cadre d’un projet en vue de la création d’une école à vocation particulière basée sur la pédagogie des écoles Steiner. Présenté par la corporation École Communautaire l’Eau vive au Ministère de l’éducation du Québec, le 21 février 200029 pages, p. 22.

Cet «enseignement moral» ou encore cet «éveil du sentiment religieux» dont parlent les tenants de la pédagogie Waldorf ne sont que des paraphrases pour parler de ce Christ, cet entité qui transcende toutes les confessions religieuses et dont les noms sont multiples. Ce Christ qui a inspiré les fondateurs des grandes traditions religieuses. Ce Christ anthroposophique.

Poursuivons la lecture de cet autre document qui nous éclaire sur les véritables motifs de la pédagogie Waldorf. Afin d’expliquer aux fonctionnaires du ministère de l’Éducation quelles sont les compétences disciplinaires l’enfant peut acquérir au travers de l’enseignement moral et religieux tel que vécu dans les écoles Waldorf, c’est-à-dire de manière transversale, les auteurs ont créé un tableau qui parle par lui-même :

tableau-Waldorf

À la lecture de ce tableau nous comprenons mieux comment les professeurs éveillent leurs élèves au sentiment religieux, à la présence du Christ à travers une multitude d’activités pédagogiques qui ne sont pas religieuses. Grâce à cette manière subtile, les professeurs évitent de parler directement de l’Anthroposophie, seule et unique base de la pédagogie Waldorf, tout en pouvant affirmer sans sourciller que leur école n’est pas confessionnelle.

Cependant, dans les écoles secondaires Waldorf, les élèves finissent par savoir que certains de leurs professeurs sont des anthroposophes :

À un moment ou à un autre, les élèves apprennent que leurs professeurs sont des «anthroposophes», ou au moins – qu’ils ont une conception du monde spécifique. Si les élèves font des plaisanteries à cet égard, le professeur essaie d’y répondre avec humour. Tant qu’ils vont à l’école, les élèves ne montrent pas en général pas d’intérêt profond pour ces questions. Cependant, si de telles questions sont posées dans les grandes classes, le professeur se doit d’y répondre avec autant d’objectivité que pour des questions touchant à une autre conception du monde. Il ne lui appartient pas de conduire les élèves vers l’une ou l’autre direction dans ce domaine, mais de lui fournir les matériaux qui lui permettront de prendre position par lui-même. Frans Carlgren, Éduquer vers la liberté. La pédagogie de Rudolf Steiner, Les Trois Arches, 1992, France, 263 pages, p. 106.

L’auteur admet même une possible influence du professeur :

Bien entendu, les professeurs Waldorf, comme n’importe quels autres pédagogues, ne peuvent éviter que des élèves adoptent, malgré eux, certains traits de caractère personnels ou certaines façons de penser des personnes dont ils reçoivent l’enseignement. En ce sens toute éducation implique un «influence». Ibidem

Influence subtile et non enseignement direct de l’Anthroposophie. Voilà sans doute pourquoi la présence omniprésente, pourtant, du Christ anthroposophique n’est pas toujours perçue par les parents et les autorités. Toutefois, cette occultation ne doit pas faire oublier qu’un des buts principaux de la pédagogie Waldorf est de cultiver chez l’élève le sentiment du divin.

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École de la Roselière : Les parents et les commissaires

Dernièrement les parents de l’école de la Roselière ont rencontré les commissaires de la Commission scolaire des Patriotes. Le Journal de Montréal diffuse sur son site deux vidéos fort intéressantes des échanges entre les parents et les commissaires.

http://www.journaldemontreal.com/videos/sports/sports/1245200562001/lrsquoecole-de-la-roseliere-perd-son-statut-particulier/2147164109001

et

http://www.journaldemontreal.com/videos/sports/sports/1245200562001/lrsquoecole-de-la-roseliere-perd-son-statut-particulier/2147164109001#2144551052001

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L’école de la Roselière perd son statut d’école particulière (2)

L’École de la Roselière a ouvert ses portes en septembre 1997. Elle a obtenu, dès ses débuts, le statut d’école à vocation particulière. Sa pédagogie est connue sous le nom de pédagogie Waldorf. Cette dernière a été conçue par Rudolf Steiner, fondateur, en 1913, de l’Anthroposophie, mouvement qu’il qualifie de «science spirituelle». Cependant, de science, ce dernier n’en a que le qualificatif, puisque l’Anthroposophie est une nouvelle religion amalgamant des doctrines issues du Christianisme et de mouvements religieux venus de l’Orient.

Donc, l’École de la Roselière est une institution publique qui utilise une pédagogie issue d’un mouvement religieux… Ce qui, bien sûr contrevient à la Loi sur l’instruction publique.

Nous pouvons donc nous réjouir de la décision de la Commission scolaire des Patriotes. Cependant, sa décision ne semble pas se reposer sur des considérations religieuses, alors que celles-ci sont au cœur de la pédagogie Waldorf ! Étonnant !

Pourtant, il ne serait pas très difficile pour la Commission scolaire des Patriotes d’en faire la démonstration, car elle possède dans ces archives un document intitulé Une École inspirée publié en 1998 par l’École de la Roselière après avoir été la cible de virulentes critiques de la part de parents déçus de la pédagogie Waldorf. Dans ce document, présenté comme le projet éducatif de l’école, les auteurs présentent les fondements de la pédagogie Waldorf.

Dans le contexte actuel, il convient de citer entièrement la section intitulée La Pédagogie Waldorf (section 1.0 Les fondements) :

«1.0 Les fondements

1.1 La constitution humaine ternaire

Pour Steiner, l’être humain présente une nature tripartite composée du corps, de l’âme et de l’esprit. Le corps est le lieu de l’inconscient physique; il vit de multiples rythmes physiologiques sans en avoir conscience. L’esprit est le lieu de l’inconscient spirituel présenté en polarité avec le corps; il contient toutes les potentialités de la personne. L’âme est l’élément de médiation et d’harmonisation du corps et de l’esprit.

1.2 L’Organisation humaine quaternaire

Selon Steiner, la personne est la synthèse vivante des règnes minéral, végétal, animal et humain : le corps physique, le corps éthérique (ou corps de vie), le corps astral (ou corps de sensibilité) et le moi. Le corps physique obéit aux lois du règne minéral (comme la pesanteur, la désagrégation, etc.); il s’observe dans l’espace. Le corps éthérique, comme le règne végétal, est vivant, se transforme et, de ce fait, s’observe dans le temps. Le corps astral, comme les animaux, se déplace dans l’espace exprimant par là une impulsion propre fondée sur la satisfaction d’un besoin dont l’origine est intérieure. Le moi est l’esprit vivant dans l’être humain, son essence même, sa faculté pensante, personnelle et libre.

1.3. La double hérédité

Steiner croyait à la réincarnation et à une double hérédité : l’hérédité physique du corps qui porte les gènes de sa race et de sa famille et l’hérédité spirituelle du moi qui transporte tout son passé spirituel et son projet individuel dans sa nouvelle «armature corporelle».

1.4 Le rythme septennal de développement

Steiner estimait que l’être humain se développe par vagues successives de sept (7) ans. Chaque étape de croissance inclut les précédentes. Chacune est marquée par l’émergence progressive du moi. La première septaine est celle du développement physique, de l’achèvement des structures et organes essentiels. L’enfant y vit une activité intense où il se fond au monde physique. Il apprend surtout par imitation. La deuxième septaine est celle du développement de l’imagination. Les objets extérieurs font naître en l’enfant des images et non des pensées. Le «ressentir» est à l’avant-scène. D’emblée, il a le sens artistique, l’imagination qui crée les symboles. L’enfant, entre 7 et 14 ans, déploie une activité intense; la passion de créer, d’où l’importance de la production artistique. La troisième septaine est celle du développement de la pensée critique. L’adolescent développe une conscience vive de la différence entre son monde intérieur et le monde qui l’entoure et il veut définir ses propres relations, il apprend souvent pour opposition, par contraste, par expérimentation (essai et erreur).»

Ce document, obtenu par la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, fait état du corps éthérique, du corps astral, du Moi (entité spirituelle éternelle qui constitue en fait, selon l’Anthroposophie, le cœur de l’être humain), de la réincarnation et du karma (la double hérédité). Les septaines décrits dans cet extrait représentent le chemin d’incarnation dans le corps physique des entités spirituelles que constituent le corps éthérique, le corps astral et le Moi.

Ainsi donc, la pédagogie Waldorf est étroitement liée à ces différentes entités spirituelles. Bien plus, elle a été créée dans le but de faciliter leur incarnation dans le corps physique comme l’explique un site internet anthroposophe:

«Pour permettre à l’homme [de réaliser] un travail sur lui-même – dont le but est qu’il devienne la dixième hiérarchie – et de spiritualiser la Terre, l’anthroposophie a développé une pédagogie qui s’adresse à l’enfant qui vient sur terre avec ses difficultés et ses dons dus à des vies antérieures. En effet, une vie seule ne suffirait pas à cette tâche et l’être humain se réincarne tantôt dans un sexe, tantôt dans l’autre, tantôt dans une race, tantôt dans une autre (…). L’éducateur s’efforce d’aider l’enfant à surmonter les obstacles à son évolution afin qu’il puisse accomplir le projet qui a guidé sa venue sur terre.»

Le but poursuivi par cette pédagogie hors-norme est nettement spirituel, comme l’explique l’École communautaire l’Eau-Vive de Victoriaville, autre école publique Waldorf, dans son projet pédagogique transmis au ministère de l’Éducation:

«Les écoles Waldorf ne sont pas confessionnelles, elles laissent le choix de telle ou telle tradition religieuse à la famille, mais elles cultivent l’éveil du sentiment religieux. Ce sentiment ouvre la possibilité de se relier à tout ce qui est divin dans la nature, dans l’être humain et aussi dans les mouvements de pensée qui ont guidé l’humanité dans son évolution. Comment se traduit l’éveil du sentiment religieux ? D’une façon différente en fonction de l’âge de l’enfant. Avec les petits : (jardin d’enfants, maternelle et premières années du primaire) : (…) Le sentiment du divin est cultivé à travers les contes et légendes où sont développées des qualités humaines telle que bonté, désir de venir en aide, amour de la vérité, loyauté, courage, etc. (…) Avec les plus grands : L’éveil du sentiment religieux est abordé à travers la biographie des personnages historiques et religieux qui ont su résoudre des problèmes de façon exemplaire, en se dépassant. Ces personnages incarnent des facultés de courage, de persévérance ou de don de soi qui sont des références vécues pour les enfants. Plus tard, la classe abordera l’étude des religions, ainsi que la vie d’êtres qui ont marqué l’histoire de l’humanité : Krishna, Moïse, Jésus-Christ… L’étude de ces biographies instruit sur la recherche incessante de l’homme vers la liberté.»

La doyenne des écoles Waldorf au Québec, L’École Rudolf Steiner de Montréal (école privée), suit également la même tangente en matière spirituelle comme en fait foi un extrait d’un document envoyé par elle au ministère de l’Éducation du Québec dans le cadre du renouvellement de son permis d’enseignement :

«Les écoles Waldorf ne sont pas confessionnelles mais elles accordent une grande importance au développement spirituel de l’enfant. Les élèves sont sensibilisés, selon une approche correspondant à leur âge, aux grands mythes et religions du monde qui ne sont pas présentés comme des dogmes mais comme des moyens que se sont donnés les humains pour tenter de comprendre l’origine de l’humanité et de trouver ainsi un sens à leur vie. Le développement moral de l’enfant est, entre autres, soutenu par une mise en contact avec les grands contes et légendes qui ont marqué les différentes cultures. La grande richesse symbolique de ces œuvres permet aux enfants de s’y identifier et d’y trouver, par les valeurs universelles qu’elles contiennent, la nourriture nécessaire au développement de leur identité. L’approche de l’être humain, de la nature, de l’univers, de l’histoire, privilégiée dans les libres écoles Waldorf, a pour objectif principal de relier très profondément et progressivement, dans la lumière de la conscience, l’être humain à tout ce qui l’entoure, à son passé comme à son avenir, dans et par une pensée vivante qui lui permet d’aller à l’essence même des êtres, des phénomènes, des événements, et donc d’éclairer son action à la lumière de ce lien profond avec le monde. Au-delà de toute confession, les principes d’éducation qui sous-tendent et animent notre enseignement chaque jour et tout au long de l’année visent à faire naître chez l’élève, à travers chacune des matières enseignées, des impulsions morales et religieuses.»

Comment croire les tenants de la pédagogie Waldorf lorsqu’ils affirment sans broncher que leurs écoles ne sont pas confessionnelles, alors que l’Anthroposophie est le cœur, l’unique racine, de celles-ci ?

Comment expliquer que les responsables de la Commission scolaire des Patriotes et le ministère de l’Éducation n’aient pas été en mesure de constater l’aspect religieux de la pédagogie Waldorf ?

Que dois-je en conclure ? Est-ce de l’incompétence ou de la prévarication ?

Aux autorités de répondre maintenant !

Dans le prochain article de cette série, je vais aborder la place du Christ et du karma dans la pédagogie Waldorf….

À suivre…

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L’école de la Roselière perd son statut d’école particulière (1)

Une véritable bombe vient d’exploser dans le monde waldorfien canadien ! Mes doigts sont encore figés sur le clavier de mon ordinateur. Je n’arrive tout simplement pas à y croire !

Cette école à vocation particulière était appuyée par la Commission scolaire des Patriotes depuis septembre 1997…et même avant, puisque le directeur de l’époque s’était montré très actif dans le dossier !

Voici le communiqué de presse de la Commission scolaire des Patriotes expliquant sa décision :

La CSP ne renouvelle pas la demande d’approbation à la ministre pour le projet particulier de pédagogie Waldorf à l’École de la Roselière

Lors de sa séance en ajournement du 22 janvier 2013, le Conseil des commissaires de la Commission scolaire des Patriotes (CSP) a décidé de ne pas présenter de demande de renouvellement d’approbation à la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) pour maintenir le projet particulier de pédagogie Waldorf à l’école de la Roselière pour l’année 2013-2014. Comme cette demande ne sera pas renouvelée, l’école de la Roselière perd, par le fait même, son statut d’école à projet particulier le 30 juin 2013 et devient une école primaire régulière dès la rentrée 2013-2014.

Cette décision a été rendue après avoir pris connaissance d’un rapport d’analyse portant sur la conformité de l’école de la Roselière aux encadrements légaux, soit la Loi sur l’instruction publique, le Régime pédagogique, le Programme de formation de l’école québécoise et la progression des apprentissages.

Il est important de mentionner que les membres du Conseil des commissaires avaient donné, le 26 juin 2012, le mandat à la direction générale d’effectuer les démarches nécessaires pour vérifier si l’école de la Roselière respectait ces encadrements, et demandé d’en faire rapport au Conseil des commissaires pour janvier 2013. C’est ainsi qu’une enquête a été réalisée à l’automne par madame Yolande Nantel, directrice générale à la retraite et consultante en éducation.

À la lecture de ce rapport, les membres du Conseil des commissaires ont pu constater que la situation de l’école présente des manquements importants, notamment parce que le Programme de formation de l’école québécoise, qui doit obligatoirement être enseigné à tous les élèves du Québec, ne l’est pas en totalité à l’école de la Roselière.

Les commissaires ont ensuite débattu la question pour conclure qu’il n’est plus possible de maintenir le projet particulier de pédagogie Waldorf à l’école de la Roselière puisque les conclusions du rapport mettent en lumière que le Régime pédagogique, la Loi sur l’instruction publique, le Programme de formation de l’école québécoise et la progression des apprentissages ne sont pas respectés à cette école.

Il est important de rappeler que la CSP a consenti des efforts soutenus et des ajouts exceptionnels de ressources à l’école de la Roselière, soit un directeur adjoint à temps plein et le soutien d’un conseiller pédagogique assigné à l’école, depuis le 1er juillet 2010, dans le but d’aider cette école à se conformer aux encadrements légaux, comme demandé par le MELS. Toutefois, force est de constater que ces efforts n’ont pas permis à l’école de la Roselière de respecter ces encadrements.

Enfin, les commissaires ont mandaté la direction générale de préparer une démarche de consultation en lien avec le projet de fermeture de l’école de la Roselière au 30 juin 2014. Cette démarche sera adoptée par le Conseil des commissaires au plus tard le 30 mars 2013.

Dans ce contexte, les membres du Conseil des commissaires ont résolu également d’offrir des mesures d’appui aux élèves présentement inscrits à l’école de la Roselière, afin d’assurer la transition vers un enseignement qui ne sera plus celui de la pédagogie Waldorf à compter de 2013-2014.

Les parents des élèves sont invités à une rencontre d’information le mercredi 30 janvier 2013, à 19 h, à l’école secondaire de Chambly, au 553 boulevard Brassard, à Chambly au cours de laquelle seront présentés les principaux éléments qui ont mené le Conseil des commissaires à prendre cette décision. Cette rencontre permettra également de présenter le processus de consultation à venir et les différentes options qui seront offertes pour la période d’admission et d’inscription pour l’année scolaire 2013-2014, qui se tiendra du lundi 4 février au vendredi 15 février 2013, inclusivement, à savoir :

Inscrire leur enfant à l’école de la Roselière, qui sera une école régulière (avec maintien du droit au transport selon les critères prévus à la Politique relative au transport des élèves pour l’entrée et la sortie quotidiennes des classes, étant entendu que le secteur de cette école est l’ensemble de la Commission scolaire);
Inscrire leur enfant à leur école de secteur;

Utiliser les autres options qui s’offrent en application de la Politique relative à l’admission et l’inscription des élèves pour l’année scolaire 2013-2014.

http://www.csp.qc.ca/www/qn-n.asp?GUID=147A62C0-D3E9-4058-85A4-ED71896906E8

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L’Holocauste : Nous les Justes ?

Ce texte souligne la Journée  de commémoration de l’Holocauste décrétée par l’UNESCO. Cette année le thème est Avoir le courage d’aider : le sauvetage pendant l’Holocauste. Ce jour est également l’anniversaire  de la libération par les forces soviétiques du camp d’extermination Auschwitz-Birkenau.

Ce texte souligne la Journée de commémoration de l’Holocauste décrétée par l’UNESCO. Cette année le thème est Avoir le courage d’aider : le sauvetage pendant l’Holocauste. Ce jour est également l’anniversaire de la libération par les forces soviétiques du camp d’extermination Auschwitz-Birkenau.

Le 27 janvier 2013. Une date comme les autres. Sans aucun doute, le soleil se lèvera. La nuit disparaîtra. Les Hommes se réveilleront de leur sommeil. Certains se dirigeront vers leur lieu de travail. D’autres encore iront prier. Nous entendrons, ici et là, les mêmes rires, les mêmes pleurs.

Et pourtant…

En cette journée tous nous devrions nous arrêter. Mettre le genou à terre. Baisser la tête en guise de soumission, de pardon. Pleurer, même ! Verser des larmes en mémoire de celles qui ont été répandues par la barbarie d’hommes et de femmes ordinaires. Tous nous devrions nous couvrir le visage de honte en ce jour qui a vu, il y a maintenant soixante-huit ans, s’ouvrir les portes de l’enfer. À la manière de ces pèlerins du Vendredi Saint, nous devrions porter du noir et prendre la rue pour montrer à la face du monde notre immense peine !

Et pourtant…

Rien de tout cela n’arrivera en ce 27 janvier 2013, Journée de commémoration de l’Holocauste (cette ultime catastrophe). Il y aura bien sûr des initiatives organisées par des gouvernements ou des organisations vouées à la mémoire de cette tragédie. Des discours, essentiels, seront prononcés. Des témoignages seront donnés. Des larmes couleront. Toutefois la très grande majorité de l’humanité sera ailleurs. Une bonne partie ignorera qu’une telle journée de commémoration existe. Une autre détournera sciemment la tête.

Et pourtant…

Demain, peut-être, nos voisins, nos camarades voudront nous éliminer nous et nos semblables car nous serons devenus, à force de propagande, la cause de tous leurs malheurs. Pire encore, au nom de la Pureté, nous porteront peut-être dans nos mains les pierres, les armes qui éradiqueront de l’espace et du temps les ennemis de notre Race ! De nos bouches sortiront, qui sait, les mots sacrilèges : sous-hommes, extermination !

Et pourtant…

Lorsque l’astre d’en haut, témoin de ces longs jours sombres, se lèvera sur ce Jour de commémoration, nous pourrions porter le regard vers ce passé encore présent en nous. Nous pourrions nous demander avec humilité si nous aurions fait comme ces Justes, ces hommes et ces femmes ordinaires qui ont risqué leur vie pour en sauver quelques unes ? Aurions-nous, au contraire, été les bourreaux des innocents ? À ces questions nous devrions trembler de toute notre âme, de tout notre esprit tant est faible notre humanité. Pourrons-nous regarder en face cette horrible cicatrice, encore purulente, au visage de l’Histoire afin de saisir toute l’horreur des gestes posés en ces temps qui semble si lointains…et si proches ? Pourrons-nous laisser les cris sortant de la bouche des suppliciés, des sacrifiés, transpercer notre indifférence ? Saurons-nous, en ce Jour, sécher les pleurs des survivants ?

Et pourtant…

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La fin du monde ou la faim d’un autre monde ?

Depuis quelques jours le compte à rebours devant nous mener à la fin du monde est commencé. Au moment où j’écris ces quelques lignes, il ne reste plus que quelques jours à l’humanité avant de basculer vers le néant. L’anéantissement guette notre civilisation, insouciante du drame dont elle est pourtant l’épicentre.

Comme tant d’autres avant moi, je me suis attardé à la signification de cette alarme mondiale déclenchée par des milliers, voir des millions de nos frères et de nos sœurs qui attendent l’effondrement de notre bonne vieille planète. Au-delà de ce cri, relayé par les médias du monde, il y a un appel. Paradoxalement, ce dernier est noyé par le fracas retentissant provoqué par cette annonce de la catastrophe dernière. Pour l’entendre nous devons faire silence. Bien plus, nous devons entrer en communion d’esprit avec ces porteurs de mauvaises nouvelles.

Ma longue expérience du monde spirituel, dans lequel les dérives sont si nombreuses, m’amène à relier cette dernière annonce de fin du monde à ce beau mythe du déluge planétaire qui noya tout sur son passage. Grosso modo, les auteurs de ces histoires racontent que les dieux ou Le Dieu, c’est selon, devinrent mécontents de l’attitude des hommes. Pour eux, il n’y avait plus d’espoir de rédemption. Leur création était atteinte par la gangrène humaine. Ils décidèrent donc d’éradiquer la très grande majorité des êtres vivants. Les survivants, souvent avertis à l’avance du drame cosmique, sont alors appelés à reconstruire le monde sur de nouvelles bases.

Comme le souligne les experts, les mythes ne doivent pas être lus comme nous lisons notre journal le matin. Ils ne nous apprennent pas des faits. Les mythes sont plutôt des réservoirs de sens. Ils signifient quelque chose.

Alors que signifie cette nouvelle annonce de la fin dernière ? Pour moi, elle est un appel à une conversion radicale. Un appel à la refondation du monde. Devant les drames, devant les larmes, devant les armes, devant les injustices, devant les magouilles politico-financières certains de nos frères et sœurs jettent l’éponge et s’enfoncent dans un désarroi abyssal qui les pousse à espérer la fin du monde.

Toutefois, n’est-ce pas plutôt la faim d’un monde nouveau qui les tenaille ? Pour répondre à cette faim, nous devons changer notre attitude, nous convertir radicalement. Ce monde nouveau est possible. Pour le réaliser la solidarité est nécessaire. Il est indispensable d’ouvrir notre cœur à la peine et au désespoir de nos concitoyens. Prêter main forte aux plus petits et aux plus faibles, qu’ils soient riches ou pauvres.

L’avènement de ce monde plus juste et plus humain n’est sans doute pas pour demain. Cependant, tous nous avons le devoir de le faire advenir pour nous, pour nos enfants. Nous devons transformer cette mauvaise nouvelle en une Bonne Nouvelle. Celle d’une Terre plus humaine, plus chaleureuse, plus juste et plus égalitaire. C’est ce que je vous souhaite, en cette fin d’année 2012, pour cet an nouveau qui pointe déjà à l’horizon.

Fin du monde ou naissance d'un monde nouveau ?

Fin du monde ou naissance d’un monde nouveau ?

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UN ANTIDOTE AU VENIN DE RHONDA BYRNE

ENQUÊTE SUR LE SECRET

 

Avec son livre Le Secret, l’auteur Rhonda Byrne a charmé des millions de lecteurs avec sa fameuse loi de l’attraction. Cependant,

une enquête sérieuse démontre que cette loi n’est en fait qu’un canular. Grâce au travail remarquable de Jean-Charles Condo et de

de Natacha Condo-Dinucci, nous pouvons maintenant contrer l’offensive de ce charlatan qui prospère en vendant l’illusion

d’un bonheur matériel. Grâce à leur invitation, j’ai eu la chance de participer à ce formidable projet. En accord avec les auteurs

et avec l’éditeur Americk-Media, je vous présente la postface du livre Enquête sur Le Secret (ISBN: 978-2-923543-03-1).

Postface : Le Secret de l’égocentrisme et de l’ignorance

Le livre Le Secret est sans doute devenu la Bible de notre ère centrée sur l’individu. Dans une centaine d’années, quand les sociologues voudront présenter à leurs élèves un portrait plus vrai que vrai de notre société, ils leur suggéreront de lire ce livre, emblème de notre temps où le Moi est érigé en veau d’or moderne et où l’inculture est une vertu.

Toutes les pages de ce bouquin, en effet, transpirent l’égocentrisme et suintent l’ignorance. L’auteur se noie dans son moi putride et voudrait que le lecteur l’accompagne dans cette plongée vertigineuse. Ce dernier, comble de malheur, ne demande que cela !

La bonne fortune de Rhonda Byrne réside dans cette soif de ses semblables pour toutes ces nouvelles recettes miracles qui pourraient les rendent moins prisonniers d’eux-mêmes, de leurs rêves d’un bonheur illusoire. Ce qu’ils ignorent c’est que les mots de Byrne sont empoisonnés et, par conséquent, mortels. Ils tuent l’humanité ! Non seulement ils tuent l’humanité mais ils engraissent l’animalité en eux ! Ils deviennent des bêtes prêtes à égorger tous ceux qui sont assez fous pour se mettre en travers de leurs rêves.

N’est-ce pas là le juste portrait de notre société ? Ou plutôt n’est-ce pas là le portrait de la société dessinée par les fabricants de nouveaux besoins à la chaîne ? « Comblez tous vos besoins maintenant et vous atteindrez la félicité éternelle », nous promettent-ils sans sourciller.

Tels de joyeux troupeaux de moutons sous perfusion d’antidépresseurs, les victimes de Rhonda Byrne lui ont gaiement donné leurs oboles, croyant recevoir en retour les clefs de leur Bonheur. Au lieu de quoi, ils n’ont reçu que du vent. Le vent froid et glacial du coeur pétrifié de l’auteur. Car comment croire un seul instant que Byrne ait voulu leur faire partager sa mine d’or ? Comment croire qu’elle ait eu un geste de compassion envers ses futurs lecteurs ? Byrne, au contraire, tel un vampire assoiffé, a bien ciblé ses victimes et les a vidées de tout leur sang.

• • •

Le livre de Jean-Charles Condo et Natacha Condo-Dinucci est l’antidote au venin transmis par Le Secret. Le lire ne vous a pas rendu plus riche, mais il vous a donné une connaissance inestimable car elle conduit à un bonheur éclairé et empathique. La Science, l’Art, la Philosophie, la Transcendance sont les marches de l’escalier qui mène au dépassement de soi et nous conduit vers notre Frère et notre Soeur qui, dans la nuit de l’ignorance, croient avoir trouvé un abri mais qui, en fait, sont tombés dans le filet de l’oiseleur.

Le Bonheur, c’est l’autre ! Quiconque vous dira le contraire est un faussaire et un fossoyeur de l’âme !

Yves Casgrain

Consultant en mouvements sectaires

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Les écoles Rudolf Steiner : Vingt-sept ans de guerre bureaucratique ou l’histoire sans fin

 

Les Écoles Rudolf Steiner :

Vingt-sept ans de guerre bureaucratique 

ou l’histoire sans fin

 

 

 Le reportage de la journaliste Marie Allard sur le rapport de la Commission consultative de l’enseignement privé révèle des lacunes, certaines très importantes, dans le fonctionnement de quelques établissements privés. Bien que déplorable, cette situation n’est en soit guère surprenante. Le ministère de l’Éducation semble être très patient envers certaines écoles qui éprouvent de grandes difficultés à se conformer à ses exigences. Celles-ci sont apparemment perçues comme des obstacles à la réalisation de projets éducatifs qui possèdent leur propre philosophie éducative. Le cas de l’École Rudolf Steiner de Montréal illustre très bien cette réalité.

 

Dans des documents, obtenus grâce à la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, la Direction de l’enseignement privé souligne que l’École Rudolf Steiner de Montréal a présenté en 1980 une première demande de permis qui lui a été refusée pour les raisons suivantes : «dossier incomplet et programme d’études présentant des particularités discutables. » En 1981 l’école ouvre tout de même ses portes. Jusqu’en 1984, l’établissement a dispensé sans permis l’enseignement primaire pour la première et la deuxième année. En 1983, l’École Rudolf Steiner ajoute la 4ième année de l’élémentaire. Pourtant, elle ne détient toujours pas d’autorisation du ministère pour offrir l’enseignement au primaire !

 

La réincarnation

 

Ce n’est qu’en 1984, soit trois ans après sa fondation, que l’École Rudolf Steiner de Montréal reçoit le fameux permis qui lui permet de dispenser l’enseignement primaire de la 1ière année à la sixième année pour douze mois..

 

En 1985, le ministère renouvelle le permis à la condition que les responsables de l’école s’engagent formellement à respecter le «Régime pédagogique quant aux renseignements à fournir aux parents et quant à l’observance du temps minimum requis pour l’enseignement. » Il lui rappelle également que l’école doit «élaborer une grille d’évaluation de l’enseignement moral et bien informer les parents que le programme [qu’elle dispense] n’est pas celui du ministère de l’Éducation. » Malgré ces commentaires, le ministère donne à l’école l’autorisation d’ajouter les classes de secondaire un et deux… .

 

En 1987 le ministère de l’Éducation renouvelle le permis pour trois ans. Toutefois, il précise que «l’approche pédagogique en vigueur dans [cette école] est bien particulière et [qu’]elle découle de la vision de Rudolf Steiner sur l’éducation.»

 

Rudolf Steiner, est en fait le fondateur d’une nouvelle religion ésotérique qu’il a nommé l’Anthroposophie. En bref, cette nouvelle religion se veut un chemin de connaissance qui voudrait conduire le spirituel en l’être humain au spirituel en l’univers. Ce chemin emprunte, entres autres, les voies de l’ésotérisme, de la science occulte, du karma et de la réincarnation. Bien que l’Anthroposophie ne soit pas enseignée aux élèves, elle «imprègne, selon les mots des responsables de l’École Rudolf Steiner, toutes les matières, la méthodologie et l’administration de l’école (…).»

 

Devant cette manière particulière d’aborder la science de l’éducation, le ministère recommande fortement à l’École Rudolf Steiner «de poursuivre [ses] efforts pour mieux [se] familiariser avec le Régime pédagogique et les programmes du Ministère de façon à [ce qu’elle puisse se] conformer à certaines exigences fondamentales.» Cette remarque est formulée en 1987, soit trois ans après l’émission du premier permis d’enseigner…

 

Une saga

 

L’année 1987-1988 commence par un coup de théâtre ! Le ministère révoque le permis ! L’École Rudolf Steiner n’avait pas déposé le cautionnement requis. En mars 1988, l’école fait une demande de subvention de $75,000 auprès du ministère afin de combler un déficit et lui permettre de survivre. Québec refuse la demande. À l’automne 1988, l’École Rudolf Steiner de Montréal dépose une demande de permis pour dispenser le deuxième cycle du secondaire. Le ministère refuse et justifie ainsi sa décision :

 

 «Il y a d’abord les inquiétudes soulevées par l’organisation actuelle de l’école…six enseignants n’ont toujours pas de certification. De plus, après trois ans d’essai, l’école semble encore avoir du mal à concilier ses pratiques avec le respect du Régime pédagogique du 1er cycle du secondaire. Enfin, les difficultés rencontrées par certains élèves qui quittent votre établissement soulèvent des interrogations… (…) L’École Rudolf Steiner n’offre pas les garanties suffisantes pour justifier l’ajout du 2e cycle de secondaire. Il ne réuni pas non plus les conditions requises pour motiver l’octroi des subventions.»

 

Pourtant, l’école ne ferme pas ses portes. Elle poursuit son œuvre. L’année scolaire suivante soit 1988-1989, l’École Rudolf Steiner doit se résigner à fonctionner sans permis pour une deuxième année consécutive. Elle n’avait toujours pas déposé le fameux cautionnement. En octobre 1990, les responsables de l’établissement font parvenir au ministère une autre demande de renouvellement de permis. Celui-ci est accordé… jusqu’au 30 juin 1992. Les fonctionnaires expliquent leur décision de cette manière : «L’échéance d’une année est attribuée à votre établissement dans la perspective d’évaluer son fonctionnement au regard des exigences de la Loi sur l’enseignement privé en ce qui concerne les programmes d’études.»

 

Cette véritable saga se poursuit puisqu’en juin 1992 le permis de l’établissement est renouvelé jusqu’au 30 juin 1994, en ce qui concerne la maternelle jusqu’à la 2ième année du secondaire.. L’école avait demandé la permission d’ajouter le deuxième cycle du secondaire. Permission accordée à partir de septembre 1993…mais le ministère posait des conditions précises afin de concrétiser sa décision. Il faudrait, «d’une part, que le Ministre accorde les dérogations nécessaires en ce qui concerne les exigences du Régime pédagogique et, d’autre part, que l’on puisse poser un jugement d’équivalence satisfaisant relativement aux programmes que vous comptez dispenser, étant donné les exigences de la sanction des études. Ce permis serait valide pour deux ans, soit jusqu’au 30 juin 1995.»

 

Toutefois le ministère de l’Éducation rejeta sa demande d’agrément qui lui aurait ouvert les portes de subventions gouvernementales. Cette décision a été prise «en tenant compte notamment de la situation de l’école nécessitant encore certains efforts et travaux d’approfondissement pour assurer et démontrer la qualité du projet éducatif de l’établissement en particulier sur les plans de l’organisation pédagogique et des ressources humaines».

 

Ce n’est qu’en 1995, à la suite d’un jugement d’équivalence au niveau du curriculum, que le ministre a autorisé l’école à dispenser les cours de secondaire 3 à 5.

 

En 1999, dans un rapport rédigé par la Direction de l’enseignement privé il est souligné qu’il «importe de rappeler que depuis au moins dix ans, l’établissement est invité régulièrement à respecter les exigences de la loi concernant la qualification légale des enseignants.».

 

Un cri du cœur

 

En 2002, un rapport synthèse produit par la Direction de l’enseignement privé revient sur cette question en écrivant : «Lorsqu’on parcourt l’historique de cet établissement (…) une constante ressort continuellement ; la difficulté pour l’établissement à s’ajuster à certaines exigences ministérielles. La question de la qualification légale [des professeurs] revient constamment sur le tapis, l’établissement ne s’étant jamais conformé à cette exigence sauf pour les années 2000-2001 et 2001 et 2002, et ce, tout en apportant certains ajustements au cours de la dernière année, même si cette année, l’établissement a à son emploi que des enseignants qualifiés, il nous informe déjà que cette situation, lui causant préjudice au niveau financier, peut changer, l’administration étant dans l’obligation de jumeler dans certains cas un enseignant légalement qualifié à un autre formé à l’approche Waldorf, qui lui ne l’est pas nécessairement.»

 

Malgré les efforts de l’École Rudolf Steiner afin de régulariser cette situation, la création d’écoles publiques Waldorf a attiré des professeurs qualifiés et formés à cette pédagogie particulière. La présence de ces établissements à vocation particulière est venue compliquer la situation.

 

En 2002 une crise s’abat sur l’École Rudolf Steiner. Soixante enfants furent retirés de l’établissement par leurs parents. En octobre 2002 dans une lettre adressée au ministre de l’Éducation de l’époque, M. Sylvain Simard, les autorités de l’École Rudolf Steiner se vident le cœur.

«Comment se fait-il que depuis tant d’années, le ministère refuse toujours de nous accorder un permis de plus de 2 ans ? Comment se fait-il que le ministère refuse toujours de nous accorder des subventions ? Même durant les années où notre école se portait bien financièrement, il y a toujours quelque chose que nous faisions pas «correctement». Votre ministère reconnaît même des projets d’inspiration Waldorf dans des commissions scolaires. Ce n’est donc pas la pédagogie. Alors ? Pouvez-vous me le dire, vous POURQUOI ? C’est à la fois frustrant, démoralisant et pourtant, nous sommes encore là. Les parents nous supportent toujours et continuent d’investir temps et argent pour que notre projet vive. Monsieur Simard, nous avons besoin de votre aide. Plus que jamais.»

 

Cependant, la même année, le ministère «décide de faire appel aux services d’un spécialiste reconnu dans le domaine pédagogique, et ce en vue d’établir la conformité ou non du curriculum institutionnel avec celui national. Le rapport de la ressource externe ayant analysé le curriculum a été déposé au Ministère en décembre 2002. Dans l’ensemble, ce rapport est hautement positif à l’endroit de l’institution.» D’après le ministère, ce spécialiste, qui a passé entre deux et trois jours à l’École Rudolf Steiner de Montréal, «considère que cet établissement réussi très bien tout en ayant le mérite d’amener au succès les jeunes qui étaient en voie de décrochage ailleurs. Il en vient à cette conclusion après analyse et interprétation des résultats obtenus aux tests de français de la 7ième année de cette école, correspondant à la première année du secondaire. Selon ce spécialiste, cette école s’acquitte de manière exemplaire de sa mission telle que dévolue par l’État québécois et ce, en misant sur une pédagogie centrée sur l’élève constituant, selon ses propos, un modèle en son genre.»

 

Selon les documents consultés, en janvier 2005 l’École Rudolf Steiner avait reçu son agrément pour le cycle de l’élémentaire.

 

Deux ans plus tard, l’École Rudolf Steiner est toujours en vie… avec semble-t-il une quarantaine d’élèves et toujours critiquée par la Commission consultative de l’enseignement privé qui lui reproche ses déménagements fréquents, ses heures d’enseignement qui seraient déficitaires de quatre heures ainsi que sa situation financière précaire.

 

Des écoles Waldorf publiques

 

Que pensez de cette saga ? Que dire de la patience du gouvernement ? Peut-on accuser le gouvernement de laxisme dans ce dossier ? Surtout devant la situation actuelle de l’École Rudolf Steiner de Montréal ! Qu’est-ce qui a motivé le ministère de l’Éducation à agir ainsi dans ce dossier ? Est-ce la bonne réputation académique des écoles Waldorf dans le monde (il y aurait environ 800 écoles similaires) ? La tolérance du ministère de l’Éducation devrait-elle être plus limitée ?

 

Et que pensez de la présence des écoles Waldorf dans le système publique québécois ? Il est plus que légitime de se poser cette question lorsque nous savons que ces établissements s’inspirent de l’Anthroposophie, cette nouvelle religion ésotérique créée par Rudolf Steiner. 

 

Au Québec, nous retrouvons trois écoles publiques. Des parents tentent également de créer une école publique à Montréal et dans les Laurentides. La première école publique a vu le jour dans la petite ville de Chambly, située à une heure de Montréal. Son ouverture a passé pratiquement inaperçue. Cependant, quelques mois plus tard, des parents ont logé une plainte au Ministère de l’Éducation le forçant à faire enquête. Les résultats de l’investigation gouvernementale ont démontré que l’École Rudolf Steiner de la Montérégie (aujourd’hui école de La Roselière) ne respectait pas certaines dispositions de la Loi sur l’instruction publique… . Après avoir effectué des changements techniques et changé de nom, l’école s’est vue reconnaître le droit de poursuivre ses activités.

 

Toutefois, certaines plaintes soulevaient des doutes quant à la base philosophique, ou religieuse, c’est selon, de cette école et, du même coup, des institutions Waldorf.  Jusqu’à maintenant le ministère de l’Éducation a préféré ne pas aborder cet aspect de la question pourtant cruciale à l’heure de la déconfessionnalisation des écoles publiques. La seule conclusion émise par les fonctionnaires à ce sujet a été d’affirmer que l’Anthroposophie qui inspire les écoles Waldorf n’est pas une secte. Bien que je partage entièrement cette conclusion, je crois qu’il est nécessaire d’étudier en profondeur les racines philosophico-religieuses de ces écoles. C’est ce que je me suis engagé à faire dans un livre que je rédige actuellement et qui porte sur ce sujet.

 

Les écoles alternatives offrent aux parents un choix en matière d’éducation. Il est sain dans une démocratie comme la nôtre que ces établissements puissent exister. Cependant, il est également sain de se demander collectivement si le gouvernement ne devrait pas imposer à ces écoles des limites plus contraignantes. Il faut aussi se demander qu’est-ce que nous voulons que le gouvernement réalise avec les écoles qui, malgré la bonne foi de certaines d’entre-elles, atteignent les limites du raisonnable. Faut-il qu’il les ferme ? Faut-il au contraire qu’il laisse aller les choses en espérant que le temps se charge de ramener la brebis égarée au sein du troupeau ? Nous devons répondre à ces questions afin d’être en mesure de faire progresser ce dossier épineux.

 

 

Commentaires personnels : yves_casgrain@hotmail.com

 

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Écoles hassidiques

 

Écoles hassidiques : L’État et la société québécoise doivent dialoguer fermement avec les communautés sectaires

Dans son texte publié dans le quotidien Le Devoir dans l’édition du 20 septembre dernier (http://www.ledevoir.com/2006/09/20/118501.html?282), M. Pierre C. Noël, professeur agrégé à la faculté de théologie, d’éthique et de philosophie de l’Université de Sherbrooke, déforme certains de mes propos en plus de manifester une incompréhension totale du phénomène sectaire. Bien que je me réjouis qu’un universitaire manifeste publiquement son opinion sur ce dossier, je me dois de rectifier certaines de ses affirmations pour le bénéfice premier du débat.

Pierre C. Noël conclut son texte en affirmant que les écoles parallèles illégales hassidiques sont des exceptions que notre démocratie saine et sûre d’elle-même est capable de souffrir «dans la mesure, précise-t-il, où les communautés qui bénéficient de ces privilèges ne constituent pas une menace à la vie de l’ensemble des citoyens.» Dois-je rappeler que l’exception dont il s’agit ici prend la forme de jeunes adolescents à qui l’on enlève le droit de recevoir une éducation complète ? Le droit de pouvoir, avec toute leur fougue et leur esprit critique acéré, confronter leur vision du monde avec celles qui ont cours au sein de la nation québécoise contemporaine. Non, M. Noël, il ne s’agit pas d’une petite exception sans conséquence que notre démocratie peut souffrir ! Cela le deviendra lorsque ces jeunes, après avoir reçu une éducation digne de ce nom, choisiront, en toute connaissance de cause, de marcher sur le chemin parallèle et sectaire tracé par leurs parents. Pas avant ! Et même lorsqu’ils auront fait ce choix de vie, notre société aura toujours le devoir de les inciter à s’ouvrir aux autres.

Bien sûr que notre système d’éducation est imparfait ! Cependant, avec l’aide des professeurs, des parents et des médias, ce dernier est en mesure d’accompagner les jeunes sur un chemin aux multiples carrefours. Nos institutions scolaires peuvent former les jeunes à faire des choix de vie tout en sachant pourquoi ils en rejettent certains et en acceptent d’autres. Je ne suis pas sûr que le modèle éducatif proposé par certains hassidiques en fait autant…

Un abus qu’aucun Dieu ne peut justifier

Que des philosophes juifs ayant marqué le XXe siècle soient issus de ce genre d’écoles, comme le souligne M. Noël dans son texte,  n’y change strictement rien et ne leur donne pas leurs lettres de noblesse ! Affirmer une telle chose revient à endosser l’incroyable argument d’une porte-parole du Ministère de l’Éducation qui faisait remarquer que la communauté hassidique cherche, par ce genre d’instruction, à former des rabbins compétents. Autrement dit, puisque tel est le but recherché, cette formation académique est justifiable. Que des hommes (et j’insiste sur le sexe) se soient démarqués ne rend pas le modèle d’éducation de certaines écoles hassidiques plus adéquat pour autant ! Tous les jeunes hassidiques ne deviendront pas des philosophes ou des rabbins ! Cependant, la grande majorité de ces adolescents n’auront pas été outillés pour être en mesure de choisir de s’intégrer librement dans notre société et la faire évoluer positivement ou de s’en exclure.

Le modèle proposé par le ministère de l’Éducation, bien qu’imparfait, est de très très loin préférable à celui imposé par certains hassidiques. Il ne faut pas oublier que nous évoluons en 2006 au sein d’une société moderne qui est loin très loin d’être fermée sur elle-même !

Par ailleurs, M. Pierre C. Noël se demande s’il appartient «à l’État de s’ingérer dans le type de valeurs et d’avenir que des parents veulent donner à leurs enfants.» Il répond lui-même à son interrogation en écrivant : «Personnellement, j’ai plusieurs réserves à propos de ce pouvoir d’intervention. Je ne dis pas que l’État ne doit jamais intervenir, mais il faudrait qu’il s’agisse de cas d’abus démontrés.» Autrement dit, M. Noël croit qu’empêcher des jeunes de recevoir une éducation complète au nom de la religion n’est pas abusif. N’en déplaise au professeur de théologie, cela est un abus qu’aucun Dieu ne peut justifier ! Que l’on demande à un État de faire respecter une de ses propres lois par le biais d’un dialogue ferme afin que cesse un abus tel que celui-ci n’est pas, comme l’affirme M. Noël, se comporter comme une majorité tyrannique !

École Rudolf Steiner de Montréal

Un abus tout à fait inconcevable puisqu’il existe, au sein même de notre système d’éducation si imparfait, des aménagements qui peuvent convenir aux parents désireux d’intégrer certaines de leurs valeurs au sein d’un enseignement complet et légal ! À titre d’exemple, mentionnons l’École Rudolf Steiner de Montréal. Cette institution privée s’inspire directement des enseignements ésotériques de Rudolf Steiner, ce maître en occultisme, né en 1861 et mort en 1925.   Il existe environ 800 écoles de ce genre dans le monde. Mes recherches en vue d’écrire un livre à leur sujet, m’autorise à affirmer qu’elles ne sont pas sectaires, ni complètement  en marge du système scolaire, même si elles le contestent fermement. L’École Rudolf Steiner de Montréal a opéré des années durant avec un permis du Ministère de l’Éducation sans toutefois obtenir l’agrément. Nous pouvons reprocher plusieurs choses à cette école montréalaise, ce que je fais d’ailleurs, mais certainement pas de former des jeunes socialement inadaptés. Toutefois, nous sommes en droit de poser plusieurs questions sur la présence de trois écoles publiques qui s’inspirent également des enseignements ésotériques de Rudolf Steiner… Quoi qu’il en soit, ces écoles prouvent que le système d’éducation québécois sait aménager des niches particulières afin de satisfaire à certaines attentes de parents ayant des valeurs sociales, politiques, économiques et religieuses qui ne sont pas en totale harmonie avec la majorité. Le problème se situe plutôt dans le fait que l’État ne semble pas toujours savoir quand dire non à des demandes d’accommodements !

Malgré ces accommodements, il arrive, trop souvent, que des communautés culturelles ou religieuses demeurent campées sur leurs positions sectaires. Certes, il est très fréquent de voir des familles d’immigrants récemment établies en sol québécois se confronter avec la société d’accueil. Leurs jeunes, notamment, préférent intégrer certaines de nos pratiques sociales à la culture transmise par leurs parents. Toutefois, dans le cas des communautés hassidiques, il ne s’agit pas de groupes issus de l’immigration récente. Elles sont ici depuis de nombreuses années. Pourtant, leurs membres limitent au minimum leurs relations avec notre société. Il est tout à fait normal, et salutaire, pour une société de chercher à comprendre les motivations qui supportent une telle attitude.

Dynamique sectaire

Ici nous entrons directement dans le monde complexe des mouvements sectaires. Affirmer que de tels mouvements vont par eux-mêmes se transformer et devenir ouverts à la diversité extérieure est la preuve que l’on ne connaît rien à la dynamique des groupes sectaires. Habituellement, un groupe sectaire possède une vision du monde en noir et blanc. Les noirs sont les impurs, les blancs les purs. Les impurs sont ceux qui ne sont pas membres de leur groupe. Les purs, on l’aura compris, ce sont eux. Comme la société et certains coreligionnaires moins orthodoxes sont considérés comme pécheurs et sources de tentations, les groupes sectaires ont tendance à limiter leur relation avec l’extérieur du mouvement afin de préserver leur pureté et de perdre leurs traditions.   

Certes, les communautés hassidiques ne sont pas des sectes avec à leur tête des guides spirituels qui exploitent le désir religieux de leurs adeptes. Toutefois, certains signes nous démontrent que nous sommes devant des groupes sectaires. Le désir de certaines communautés hassidiques de ne pas permettre à leurs enfants de recevoir une éducation digne de ce nom en est un. Et il y en a d’autres. Dans un reportage présenté sur les ondes de TQS, l’animateur Jean-Luc Mongrain a fait dire à un responsable hassidique que la télévision n’est pas admise dans les foyers parce qu’elle pouvait corrompre les esprits. Certaines familles, a-t-il ajouté, excluent même la radio ! Seul les journaux sont admis. Dans un contexte sectaire religieux cela porte beaucoup plus à conséquence qu’un choix de vie fait par une famille qui tente d’extraire leurs enfants à l’emprise tentaculaire des médias dans notre société. Et il est fort à parier que si l’accès aux médias est contrôlé dans les communautés hassidiques, le libre choix en matière de lecture le soit également…Il serait trop long ici de poursuivre plus avant la liste des signes qui prouvent que nous sommes devant une communauté à l’esprit sectaire basé sur une idéologie religieuse.

Mon expertise du domaine sectaire me prouve que ces mouvements ne changent pas de l’intérieur si des pressions venant de l’extérieur ne sont pas exercées sur eux. Comment en serait-il autrement puisqu’ils sont convaincus d’être les seuls détenteurs de la Vérité et/ou les seuls à accomplir correctement la Volonté divine. Voilà bien pourquoi je demande à l’État de poursuivre le dialogue avec ces communautés mais plus fermement.

Laïcité ou laïcités ?

Devant la présence de ces mouvements sectaires et des groupes religieux organisés qui veulent imposer certaines de leurs valeurs qui ne respectent pas les plus nobles de notre société, je crois qu’il n’y a qu’un moyen, même si ce dernier n’est pas parfait : la laïcité. Dans son texte, M. Pierre C. Noël laisse entendre que je désire un État laïque à la française. Rien de plus faux. Brandir l’exemple de la France, tel un épouvantail, est chose facile. Toutefois, le concept de la laïcité est multiple. Une simple petite visite sur Internet suffit pour éclairer les lanternes de ceux qui veulent nous laisser dans le noir au sujet de la possibilité de créer un État laïque respectueux de valeurs religieuses de ses citoyens. Catholique et pratiquant, je crois qu’il n’a pas d’autres solutions possibles.

En attendant l’avènement de cet État laïque, la nation québécoise doit de manière urgente amorcer un débat de fond sur ce qui est acceptable en matière d’accommodements dits raisonnables. Même si cela risque de faire mal et d’être déchirant. Nous nous devons de le faire si nous voulons préserver ce Québec tel que nous le connaissons : accueillant et ouvert sur le monde.

En outre, l’État a l’obligation de construire des ponts afin que ces mouvements sectaires ne s’enfoncent davantage dans le cloaque de l’exclusion sociale. C’est une mission difficile et périlleuse. Ces ponts supporteront le dialogue, même ténu, entre notre société et ces groupes. Cependant, ces passerelles doivent être clairement balisées afin de protéger les acquis de notre société. L’obligation de donner aux enfants une éducation complète et respectueuse des droits et libertés ainsi que des valeurs de notre société est un de ces acquis que l’État doit protéger même si cela heurte certains mouvements sectaires.

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